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Semaine des 4 jours et demi : l'heure du choix

Tandis que les syndicats enseignants dénoncent un projet « mal ficelé », les communes doivent décider si elles appliqueront la semaine des quatre jours et demi dès septembre prochain ou en 2014.

Le décret relatif à l’organisation du temps scolaire dans le premier degré est en cours de finalisation. La réforme, qui commencera à s’appliquer dès septembre 2013, pourra être reportée d’un an si les communes déposent une demande de dérogation avant le 1er mars. Mais le choix n’est pas simple, en raison du poids de l’organisation périscolaire sur les finances locales. À Vénissieux, l’équipe municipale est en phase de réflexion.
C’est peu dire que la réforme des rythmes scolaires dans le primaire proposée par le ministre de l’Éducation nationale fait cogiter les parents que nous avons rencontrés la semaine dernière à Vénissieux à la sortie des groupes scolaires du Centre et de Parilly. Une réforme qui instaure des semaines de 9 demi-journées incluant le matin du mercredi (ou du samedi, sur dérogation).
Linda, maman de trois petits, est perplexe : « La semaine de quatre jours a été mise en place en 2008. Ça ne fait que cinq ans et cette organisation est déjà décriée. Il faudrait quand même bien arriver à placer l’enfant au centre des réformes ! » Malia, elle, considère que la question est mal posée : « Ce sont les rythmes de l’enfant dans la journée qu’on devrait modifier. Même avec une pause importante entre midi et deux, ils ne seront pas moins fatigués. Après la pause, ils retourneront en classe pour quoi faire ? Pour apprendre ! «  Isabelle intervient : « Les élèves n’ont pas besoin de « moins » d’école, mais de « mieux » d’école pour réussir, avec un soutien dans le cadre du temps scolaire. » Pour ce papa de deux petits garçons, le problème n’est pas seulement lié aux rythmes scolaires : « Si cette réforme n’est pas accompagnée de moyens, elle ne servira strictement à rien ! Il faut davantage d’enseignants, moins d’élèves par classe, une mixité sociale dans les établissements scolaires, accueillir les enfants de 2 ans en maternelle surtout dans les quartiers en difficultés. »
Depuis la mise en place de la semaine de quatre jours en 2008, les enfants français ont le nombre de jours d’école le plus faible des 34 pays de l’OCDE, assure le ministère : 144 jours contre 187 en moyenne. Ils ont de ce fait des journées plus longues et plus chargées que la plupart des autres élèves dans le monde. La réforme engagée par Vincent Peillon vise à mieux répartir les heures de classe par semaine, à alléger la journée et à dispenser les enseignements fondamentaux à des moments où les enfants sont le plus concentrés.
Le ministre souhaite que cette réforme soit appliquée dès la rentrée de septembre mais compte tenu des difficultés, les collectivités territoriales qui souhaitent un report à la rentrée 2014 doivent demander une dérogation avant le 1er mars. À Vénissieux, avant de prendre une décision, l’équipe municipale a engagé réflexion et concertation.

De nouvelles inégalités ?

Depuis que Vincent Peillon a annoncé ce réaménagement du temps scolaire, les réactions sont nombreuses. Robert Debré, Guy Vermeil, Hubert Montagner et François Testu, chronobiologistes qui travaillent depuis longtemps sur le rythme biologique de l’enfant, estiment que « la semaine de quatre jours et demi avec priorité au mercredi matin scolarisé permettrait de diminuer la durée de toutes les journées scolaires et d’éviter la rupture de rythme causée par le mercredi». Selon ces spécialistes, il est indispensable d’avoir une approche globale du temps de l’enfant en proposant une alternance régulière des plages scolaires et des périodes de vacances : « L’alternance de sept semaines de classe suivies de deux semaines de vacances fait globalement consensus.»
Mais les enseignants du premier degré posent d’autres questions, notamment celle du périscolaire. Ainsi, les voix sont nombreuses à s’élever contre ce texte que beaucoup jugent « mal ficelé ». Consulté à titre indicatif, le Conseil supérieur de l’éducation a voté contre le projet de décret. Seuls 5 de ses 60 membres ont approuvé le texte ; 23 ont voté contre, dont la FSU, la CGT ou la PEEP ; trente se sont abstenus, dont la FCPE ou le SGEN.
Le SNUipp-FSU, principale organisation syndicale dans le primaire, estime notamment que le cadre réglementaire de la réforme des rythmes scolaires dans le premier degré, tel qu’il est proposé, « n’offre aucune garantie d’un périscolaire gratuit et de qualité pour tous ». Pour lui, le compte n’y est ni pour les élèves ni pour les enseignants : « Rien n’a été clairement finalisé concernant le temps de travail des enseignants. Rien n’a été mis sur la table au sujet d’une nécessaire compensation financière. » Le syndicat demande au gouvernement de revoir ce texte en profondeur, ajoutant aussi : « Il est hors de question que la réforme génère de nouvelles inégalités en matière d’offre éducative en faisant porter son coût sur les collectivités, ou sur les parents. » Le SNUipp a émis le même avis défavorable au comité technique ministériel (CTM) où siègent les représentants du ministère et les organisations syndicales.
« Il faut des garanties concernant l’égalité d’accès à une offre éducative de qualité pour tous les élèves. Nous nous opposons à l’organisation de la semaine telle qu’elle est proposée – 4 jours de 5h30 avec une grande pause déjeuner, et 3 heures le mercredi ou le samedi matin – qui n’améliore en rien l’apprentissage des élèves et dégrade les conditions de travail des enseignants », ajoute Anne Bottéon, enseignante à Vénissieux (SNUipp-Rhône).
Quant à l’association des maires de France (AMF) tout en disant son adhésion à l’objectif de la réforme, elle a exprimé ses réserves concernant la charge financière qui pèsera sur les communes, amenées à remodeler et renforcer les activités périscolaires proposées aux écoliers. L’AMF, qui annonce avoir obtenu le report de l’examen du décret, a assuré ne pouvoir « accepter en l’état ce projet alors que son impact financier sur les collectivités locales n’a pas été évalué ».

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