Culture

Jean Sangally, il chante Brassens et puis le blues

Nouvellement arrivé à Vénissieux, Jean Sangally apporte dans ses bagages un amour de la musique en général, de Brassens et du blues en particulier. Ses projets musicaux vont le ramener prochainement en studio.

Nouvellement arrivé à Vénissieux, Jean Sangally apporte dans ses bagages un amour de la musique en général, de Brassens et du blues en particulier. Avec plusieurs CD à son actif, ses projets musicaux vont le ramener prochainement en studio.

Quand on arrive chez Jean Sangally, dans la jolie maison du quartier du Centre où il a emménagé depuis peu, on ne sait pas ce qu’il faut remarquer en premier : la chaleur de son accueil, son sens de l’humour, son goût pour raconter des histoires ou son apparente joie de vivre. Tout contribue à ce que vous vous sentiez à l’aise tout de suite.
Dans un coin de la pièce, vous repérez deux guitares. Au mur, à côté de peintures, une photo en noir et blanc où Jean est entouré de deux bluesmen de renom, Lonnie Brooks et Gary B.B. Coleman. Dans le fond de l’image, un autre personnage est là qui donne le blues aujourd’hui : il s’agit de Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes, où la photo a été prise.
« Je suis né au Cameroun dans une région forestière, commence Jean, et je suis arrivé en France, à Lyon, il y a quarante ans. Une fois, j’ai amené mon groupe de musiciens, des Français, dans ma région natale. Ils se sont reconnectés avec les énergies telluriques. Finalement, l’homme blanc n’est pas si citadin que cela. Il est plus près du Pygmée que nous ! » Dans un éclat de rire, Jean poursuit : « Au Cameroun, la forêt est un refuge. Depuis l’Égypte antique, les gens se sont repliés dans la forêt pour fuir les guerres. C’est un coin très culturel dans tous les sens : gastronomique, musical, spirituel. Le Cameroun est un foisonnement d’exceptions et l’on retrouve des musiciens camerounais dans le monde entier parce qu’ils sont capables de s’adapter. Dans la musique occidentale, existent deux rythmes : le binaire et celui à trois temps. Les Pygmées ont des rythmes exponentiels ou logarithmiques. Leur musique bouge au fur et à mesure que le morceau avance. J’ai étudié cette musique et n’ai jamais réussi à comprendre comment elle fonctionne. Chaque peuple a reçu quelque chose qui contribue à la grande aventure humaine. En exterminant des populations, on nous prive de cela. »
Jean a toujours fait de la musique (en Afrique, raconte-t-il, il écoutait du rock, Johnny, les yé-yé) mais avant de parler de ses talents de guitariste, de compositeur, d’arrangeur et de chanteur, achevons d’abord l’aventure de son groupe de Français au Cameroun : « Nous avons débarqué à Yaoundé et, de 10 heures du soir à 6 heures du matin, nous avons écouté dans un bar un groupe qui jouait du bikutsi, cette musique qu’ont fait connaître un peu partout les Têtes brûlées. Mes gars m’ont dit : « Il ne nous reste plus qu’à reprendre des cours. » C’est la magie de la musique ! Comme le blues : trois accords suffisent. Mais quand ils tombent des mains de Lightnin’ Hopkins ou de B.B. King, le plus grand,… »
Il ajoute encore que B.B. King, « c’est bac + 30, bac + 60 ». « Quand il joue, ce n’est plus un musicien, c’est un guérisseur qui déclenche de grandes séances de thérapie collective. Tu mets « Sweet Little Angel », dans la version du Carnegie Hall : il avait une de ces voix, un toucher à la guitare, une manière d’agencer le morceau, de le structurer. Ça frôle la perfection ! Quand j’ai fait la première partie de B.B. King en 1995, au festival de Cognac, j’ai dit dans un interview que j’avais prié pendant longtemps pour que ni lui ni moi ne mourions avant que ce moment n’arrive. Les journalistes lui ont répété cela et B.B. m’a appelé sur scène pour que nous fassions un bœuf. J’en ai eu, des moments comme cela ! En 1992, il y a eu aussi Nina Simone au Palace à Paris. »
Dès la fin des années soixante (ses « années de formation »), Jean tient la guitare du groupe camerounais L’écho national qui met à son répertoire de la musique congolaise. « Les cinq premières années, j’ai essayé d’avoir le niveau. Après, j’ai plongé dans la musique. C’est le chef d’orchestre de mon premier groupe qui m’a appris à chanter. J’avais appris « Who’s Making Love » de Rufus Thomas. Quand je l’ai chantée sur scène pour la première fois, c’était la seule que je connaissais. On me l’a bissée dix fois ! Bon, c’était dans le bar de mon village. À mon arrivée en France, j’ai quitté Lyon pour m’installer à Chambéry et Aix-les-Bains. J’ai été très épaulé par les Savoyards. »

L’amour de la langue française
Dans la vie musicale de Jean Sangally, le blues n’est pas tout. Il y a aussi Brassens. Jean a enregistré un premier CD (« Brassens était-il noir ? ») et un second est en projet, avec de nouveaux titres du Sétois. Jean a même traduit « Bonhomme » dans sa langue et la chanson est devenue « Mounoung ». « J’ai participé à plusieurs festivals Brassens, j’ai eu une correspondance avec son ami d’enfance, Émile Miramont, plus connu sous le nom de Corne d’Aurochs. Il y a dix ans, pour les vingt ans de la disparition de Brassens, j’étais avec son secrétaire, Pierre Onteniente (alias Gibraltar), à la Maison de la Radio. Il m’a présenté au directeur de France Musique en disant que, si Brassens était vivant, je serais l’interprète qu’il aimerait le plus. Je l’avais chanté d’une manière bluesy. »
On ne s’étonnera pas que Jean aime autant le compositeur du « Gorille ». Il avoue être venu en France « par amour de la langue française » et les textes qu’il signe sur l’album « Monsieur Sangally » sont joliment travaillés. Et que dire des blues enlevés qu’il compose ! Mais ne lui faites pas trop de compliments, sinon Jean lancera malicieusement : « Mon auréole a pris une dose de survoltage ! »
C’est d’ailleurs un titre de Brassens qui le fait remarquer à la télévision. Après un premier passage en 1987 dans l’émission « Mosaïques », Jean séjourne dans « La classe », là où furent révélés quelques futurs grands comiques, d’Anne Roumanoff à Élie Kakou et Pierre Palmade. Quand il en parle aujourd’hui, notre ami soupire en chantonnant « À à à la queue leu leu », puis il sourit : « Ça m’a fait connaître grâce aux chansons de Brassens ! » Nous étions en 1991. Il est également fier de sa participation en 2005 à l’émission de Mireille Dumas, « Vie privée, vie publique », sur le thème des couples mixtes.
Bien sûr, pendant tout ce temps, Jean ne compte plus les tournées, en France et à l’étranger. « Quand je gagnais 10000 francs, je traduisais en francs CFA, ce qui faisait 1 million. Je croyais que j’étais le roi du pétrole. » Puis, avec sa femme Christine, il crée l’association Le Mélomane, aujourd’hui basée à Vénissieux. « Dès ce moment-là, tout est parti autrement. » Il cite encore l’émission sur le blues qu’il animait sur Radio Fourvière, diffusée nationalement, et qui lui a permis d’interviewer tous les grands bluesmen de passage dans la région.
Jean voudrait à présent enregistrer deux nouveaux albums. Ceux-là sont prêts. Il y aura bien sûr le Brassens déjà mentionné et un autre « tout en anglais, hommage à Robert Johnson, Lightnin’ Hopkins, Muddy Waters, Ray Charles et quelques autres ». Il ne lui reste plus qu’à trouver le studio adéquat.

On peut acheter les albums de Jean Sangally (« Ciao Blues », « De l’Afrique au blues », « Brassens était-il noir ? » et « Monsieur Sangally ») sur son site http://www.jean-sangally.com/

1 Commentaire

  1. Gilles Lulla

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