Je ne sais pas si, à la vision de « Modèles », un spectacle présenté au Théâtre de Vénissieux le 30 novembre dernier, les hommes et les femmes présents dans la salle ont ressenti les mêmes choses. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’issue de la pièce, tout le monde était debout à applaudir bien fort. (Photo : Pierre Grosbois)Proposé par la compagnie normande La part des anges, « Modèles » a été écrit par Pauline Bureau, qui met en scène le spectacle, et ses comédiennes. Entre textes choisis (Pierre Bourdieu, Marguerite Duras et Virginie Despentes) et confessions amusantes ou poignantes, crues ou pudiques (sur la vie de petite fille, les premières règles, le premier rapport sexuel, l’avortement), entre saynètes amusantes (la femme moderne, coincée entre un bébé qui pleure, un patron exigeant, un mari qui fait semblant d’aider et un repas à préparer pour les beaux-parents) et chansons, « Modèles » manie tout autant l’humour que la provocation et décrit sans concession la gent masculine, sans même lui laisser l’ombre d’une chance. C’est un parti pris qu’il faut admettre : on n’est pas toujours d’accord avec toutes les conclusions émises sur scène mais force est de reconnaître qu’aucun mot ne laisse indifférent et que « Modèles » réussit son pari.
Les trois auteurs précédemment mentionnés, Bourdieu, Duras et Despentes, sont joués par les comédiennes, interviewées et filmées. Ce qui signifie qu’on les voit de loin, sur un tréteau, leur visage filmé apparaissant en gros plan sur un écran. Cette mise en scène intelligente rend d’autant plus intéressants les trois témoignages mais c’est sans doute le troisième, celui de Virginie Despentes, qui prend le plus de signification. Pourquoi, se questionne-t-elle en substance, faut-il que les hommes, très souvent, se croient obligés de donner leurs judicieux conseils aux femmes qui écrivent, filment, peignent, mettent en scène ou, simplement, témoignent (comme elle de son viol) ? Pourquoi conseillent-ils : « Tu aurais dû faire comme ci plutôt que comme ça. » Pourquoi pensent-ils avoir la science infuse pour laisser les femmes à leurs infusions ?
Toutes ces interrogations glissées tout au long du spectacle atteignent leur but lorsque Marie Nicolle lance, dernier mot entendu sur scène : « Je suis féministe ! »
Gageons que plus d’une jeune fille (et il y en avait beaucoup ce soir-là) sortira en se posant des questions sur ce « deuxième sexe » dont parlait Simone de Beauvoir, sur la place de la Femme, sur Sa place au sein de la société.
Parlons des comédiennes : Marie Nicolle, Sabrina Baldassara, Sonia Floire, Laure Calamy et Gaëlle Hausermann. Elles sont toutes formidables, tour à tour tendres, provocantes, dures, amères…
Après « Modèles », le Théâtre de Vénissieux va libérer la parole des femmes pendant tout le mois de décembre, avec « Les femmes savantes » par la compagnie du Détour (13-14 décembre) et le one-woman show de Nouara Naghouche (« Sacrifices », le 21 décembre).
Vous aimerez également
Culture
La mythologie grecque est à l’honneur en ce début de saison avec deux spectacles programmés les 4 et 11 octobre.
Actus
La nouvelle directrice de La Machinerie veut « raconter la diversité de ce territoire dans toute sa globalité ».
Culture
Parmi les structures soutenues par la Métropole lyonnaise, citons La Machinerie, qui regroupe le Théâtre de Vénissieux et "Bizarre !"
Culture
Nouveau spectacle de l’association Bab Dance, l’adaptation de « Mulan » sera présentée au Théâtre de Vénissieux le 29 juin.
Culture
Grâce à Hamid Ferkioui et son association La Perche, le stand up s'est installé dans la commune. Avec un festival programmé au Théâtre de...
autobyweb
6 décembre 2012 à 12 h 40 min
Superbe pièce !! Des comédiens très convaincants !
L’histoire est triste mais très belle 🙂
autobyweb
6 décembre 2012 à 12 h 40 min
Superbe pièce !! Des comédiens très convaincants !
L’histoire est triste mais très belle 🙂
autobyweb
6 décembre 2012 à 12 h 40 min
Superbe pièce !! Des comédiens très convaincants !
L’histoire est triste mais très belle 🙂
autobyweb
6 décembre 2012 à 12 h 40 min
Superbe pièce !! Des comédiens très convaincants !
L’histoire est triste mais très belle 🙂