L’équipe du Resto de Vénissieux, où les distributions vont commencer mardi matin, inscrit depuis plusieurs semaines les bénéficiaires. « Pour l’instant, nous avons 500 dossiers, précise Daniel Vigny, le responsable de la structure. Nous avons atteint le même nombre qu’en fin de campagne l’an dernier. Mais nous constatons une hausse sensible des personnes primo arrivantes.”
La cinquantaine de bénévoles sera à pied d’œuvre chaque mardi et chaque jeudi. Jusqu’en mars, ils distribueront entre 8 h 30 et 11 heures et de 13 h 30 à 16 heures des tonnes de denrées alimentaires… Leur crainte ? Que le programme d’aide alimentaire européenne (PEAD) vienne à être stoppé. Ce PEAD, créé en 1987 au niveau européen, qui y consacre seulement 1 € par Européen, permet d’assurer les besoins vitaux alimentaires de millions de personnes en grande difficultés. »Jusqu’à présent, 20 des 27 pays européens ont souhaité en bénéficier. Mais sept pays (l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas, la République tchèque, la Suède et le Royaume-Uni) n’en comprennent pas l’intérêt, expliquent les responsables nationaux des Restos du Cœur. Pourtant, 18 millions de personnes survivent grâce à cette solidarité. » Pour obtenir la pérennisation de ce PEAD, aujourd’hui en sursis, la Banque Alimentaire, la Croix Rouge, les Restos du Cœur et le Secours populaire, principales associations françaises d’aide alimentaire aux plus démunis, ont décidé de s’unir. « Cette aide européenne couvre 23 % à 50 % des denrées alimentaires distribuées, soit 130 millions de repas. Si un nouveau programme n’est pas voté par les chefs d’État ou de gouvernement avant décembre, à l’occasion de la finalisation du budget européen pour les sept ans à venir, l’aide alimentaire à l’échelon européen disparaîtra totalement fin 2013. Les associations devront prévoir, seules, leur approvisionnement dans les mois qui viennent, et risquent de se retrouver impuissantes pour faire face aux demandes qui vont se multiplier. »
Pour sensibiliser le plus grand nombre d’Européens à ce grave risque que serait le désengagement européen, les associations proposent un outil de mobilisation, baptisé « Airfood Project ». L’idée est de se filmer en train de airfooder, c’est-à-dire de « manger de l’air » : donc faire semblant de manger, mimer un geste de consommation sans aucun aliment devant soi, ou encore dîner avec des assiettes vides… puis de poster la vidéo. Plus il y aura de participants, plus le mouvement sera efficace. Les vidéos sont recueillies et partagées sur le site www.airfoodproject.com où les internautes peuvent aussi signer une pétition en faveur du maintien des aides alimentaires ou interpeller les décideurs européens via le compte twitter.