Sarah, debout face à l’assistance (tous ont travaillé leur posture et leur diction), se présente : “ J’ai 10 ans, je suis en CM2. Je me suis portée candidate à l’élection car je veux changer des choses à l’école et aussi dans la ville. Je voudrais davantage d’arbres dans la cour, des jeux aussi. Dans la ville, il faudrait placer encore plus de caméras pour que ceux qui cassent soient punis. »
“Comment vas-tu travailler pour améliorer tout ça ? Tu fais des propositions uniquement pour ton école ? Mais il faut beaucoup d’argent pour installer des jeux ? Où vas-tu trouver l’argent ? Comment tu vas t’y prendre pour ajouter des balançoires ?” Les questions fusent.
“Je proposerai et les adultes décideront, argumente Sarah. Plus on sera nombreux à proposer des choses, plus on aura de chances de réaliser ce que nous voulons. »
Puis c’est au tour d’Aymen (CM1) : “Dans la ville, il faudrait davantage d’animations, construire des bâtiments pour les plus démunis et les personnes âgées. Autre question importante : la sécurité routière, il y a des automobilistes qui vont vite et qui passent au feu rouge. Il faudrait les sanctionner. »
“Comment peux-tu aider les personnes âgées? Ce n’est pas toi qui vas aller les faire traverser ?” « Je peux trouver l’argent pour aider les gens”. “Oui, mais d’où vient l’argent ?” “De la mairie, de l’État, des impôts des entreprises et de nos parents. Et puis, on peut demander des dons”, suggère Aymen.
Tour à tour, les candidats vont ainsi exprimer leurs souhaits et seront interrogés par leurs camarades. Ils sont nombreux à donner la priorité au quotidien dans leur école : “avoir plus de livres, plus de jeux”. Tous se disent attachés à Vénissieux, à leur quartier. Autre point commun : l’attachement à la solidarité. Un garçon veut ainsi être élu “pour un monde meilleur, aider les autres, pour qu’on soit tous bien. » Et puis il y a Sabrina, qui « promet que tout ce qui ne fonctionne pas, on le mettra en marche comme les ascenseurs, l’électricité dans les immeubles et la nourriture pour ceux qui n’en ont pas ».
Dans la salle, les électeurs, pas tombés de la dernière pluie, observent que « tous les candidats proposent des jeux dans la cour pour nous influencer”. Mais Martin se distingue : “Moi je n’ai pas proposé ça, et puis je suis contre l’installation de caméras car s’il y en a trop, les gens auront l’impression d’être en prison”.
Le vote aura lieu le lundi 22 octobre à partir de 9 heures. Il y aura des urnes et des isoloirs. Pour voter, chaque élève présentera sa carte d’électeur, spécialement fabriquée par la Ville. Le bureau de vote sera tenu par un président et deux assesseurs. Comme chez les grands.