« Cela fait longtemps que le Département finançait Collège au cinéma, s’étonne Rosa Récas, directrice adjointe des trois salles vénissianes. Le dispositif s’adresse à deux niveaux de classes, 6e-5e et 4e-3e, et prévoit de les amener voir un film de répertoire trois fois dans l’année, avec un travail en amont et en aval de la projection réalisé par le professeur. Un partenariat entre le Département et l’Éducation nationale permet aux enseignants de recevoir une formation pour travailler sur les œuvres. Pour les projections, le Département payait aux salles participant au dispositif 2,50 euros par élève. À Vénissieux, nous travaillions avec les collèges Paul-Éluard, Jules-Michelet, Honoré-de-Balzac, Louis-Aragon et Elsa-Triolet ainsi qu’Alain à Saint-Fons et Longchambon dans le 8e. »
Elle regrette beaucoup « cette décision prise en catimini ».
Soucieux de faire des économies (et parce que les dotations aux collèges ont augmenté), le Département a donc décidé de stopper le financement : ce sera désormais aux collèges de mettre la main à la poche. « Pour le premier trimestre », précise-t-on dans le courrier envoyé, laissant entendre que la situation peut éventuellement évoluer.
Le groupement régional d’action cinématographique (GRAC, auquel appartient Gérard-Philipe et présidé par son directeur, Gérard Martin) a rapidement réagi (d’autant plus que la coupe claire départementale concerne également l’aide aux festivals de cinéma) : « Cette décision aura un impact financier immédiat dû à la baisse du nombre de spectateurs et un impact à long terme sur la découverte des salles de proximité et le cinéma d’art et essai diffusé dans ces salles. »
Rosa a, quant à elle, évalué les dégâts en matière de chiffres : « L’an dernier, nous avons eu 604 élèves de 6e-5e et 532 de 4e-3e, qui sont tous venus trois fois. J’ai fait le tour des collèges pour l’année scolaire qui va démarrer : je n’ai pas eu de réponse de Triolet et Aragon. Paul-Éluard, Balzac, Longchambon, Michelet et Alain reviennent pour le premier trimestre avec une baisse d’effectif de près de 60%. Sont pour l’instant inscrits 190 élèves pour les 6e-5e et 298 pour les 4e-3e. En fait, 44% des collégiens déjà inscrits auparavant vont suivre cette année le dispositif. »
Elle reconnaît que « des choses étaient à changer : certains élèves ne venaient pas aux trois séances ou certains profs ne recevaient pas de formation aux films ». Mais, conclut-elle, « il valait mieux réexpliquer le mécanisme que d’instaurer ce système de films à la carte. d’autant plus qu’il existait une progression dans le choix des trois films ».