Des oreilles mises à rude épreuve avec Under Kontrol : ces gars-là font tout avec la bouche, uniquement la bouche, et sont capables de faire vibrer les vitrines à des kilomètres à la ronde. Créé en 2007, ce groupe de beatboxers remporte le championnat de France l’année suivante et celui du monde en 2009. L’an dernier, ils sortent leur premier album. À l’issue d’une prestation étonnante, les avis semblent partagés. Les uns, amateurs d’une musique instrumentale, sont dubitatifs et regrettent l’aspect démagogique (c’est un fait, Under Kontrol n’apprécie pas les contrôleurs de bus). D’autres sont au contraire époustouflés et en redemandent.
Pour les faire patienter, rien de tel que d’aller se promener vers le « Quartz », la tente montée vers les guinguettes par Nico Tico et Lee Harvey Asphalte. Images, sons et poésie : voilà bien un mélange reposant avant que d’aborder le gros morceau de la soirée : Zebda.
La foule est compacte lorsque les Toulousains débarquent sur scène. Certes, on est loin de la multitude de 1999, lorsque le groupe avait tombé pour la première fois sa chemise à Vénissieux, mais on est proche des 6000 personnes, qui représentent une très belle affluence.
« Les jours passent, les mois passent, les années passent… mais pas nous ! » Et on retrouve effectivement les mêmes : la même pêche, la même joie partagée d’être sur scène. La tournée de « Second tour », leur nouvel album, est une véritable course de fond qui les mène de ville en ville et ce n’est pas un hasard si l’image de l’album représente trois coureurs (Schade, Mimoun et Zatopek) aux jeux olympiques d’Helsinki, en 1952. Dans « Y’a pas d’arrangement » qu’ils reprennent pour la plus grande joie de tous, ils chantent « On voulait pas bosser et pour qu’on nous retienne, II eut fallu derrière nous un Zatopek à la course ». C’est une évidence : je ne sais pas si c’est le coureur tchèque qui les stimule mais il faut reconnaître à Zebda une énergie intacte. On les retrouve ici avec cette même vigueur communicative d’il y a treize ans. Ils parlent toujours autant entre deux chansons, sont toujours autant joyeux et sympathiques, leur accent est toujours présent, leurs thèmes aussi, tant au niveau des musiques que des paroles, ils sautent toujours autant et l’on ne s’étonne pas d’entendre Mouss déclarer : « Et je me dis que je commence à avoir chaud ».
Il poursuit : « Et j’ai les mains douces, parce que je suis chanteur. Je pense aux mains de mon père qui était ouvrier. » Il démarre une des nouvelles chansons de « Second tour », « La promesse faite aux mains ». Avant d’annoncer une intention contenue dans la chanson : « Voilà le programme : pour vivre heureux, vivons fâchés ! »
Heureux, le public l’était. Fâché ? Certainement pas.