L’appel du maire de Vénissieux à la vigilance contre le fascisme est resté comme une arête en travers de la gorge d’Yvan Benedetti. L’élu ex-FN a provoqué une violente algarade, lundi, au conseil municipal. L’assemblée n’a pu entamer ses débats qu’après son départ.
« Suite à un communiqué haineux de Mme Picard, maire de Vénissieux, le conseil municipal de ce soir s’annonce tendu. »
Un twit d’Yvan Benedetti, lundi après-midi, annonçait dans quelle colère noire se trouvait le conseiller municipal ex-FN (ex, puisqu’exclu de son parti). Encore lui fallait-il un prétexte pour exploser. Il l’a trouvé dans le déplacement d’un fauteuil des élus de la droite et de l’extrême droite.
Le conseiller municipal Mokrane Kessi ayant officiellement démissionné du groupe des élus communistes et apparentés pour rejoindre celui du PS, il allait pour la première fois siéger parmi ses collègues socialistes. Pour lui faire une place, tous les élus assis à la droite du maire ont donc été déplacés d’un cran. Et c’est ainsi que M. Benedetti n’a plus été séparé que d’un siège des deux élues Verts et MoDem… Autant dire, une catastrophe.
Evidemment, le problème n’était pas là. Ce qui lui est resté comme une arête en travers de la gorge, c’est la déclaration faite par Michèle Picard à la suite d’une manifestation de l’extrême droite à Lyon, le 23 juin. Manifestation interdite par le préfet mais maintenue par ses organisateurs, les Jeunesses nationalistes, avec le soutien actif de l’Œuvre française et de son nouveau président, Yvan Benedetti, ce qui lui a valu de passer avec quelques autres une nuit en garde à vue.
Dans le communiqué qui suivit, le maire de Vénissieux a appelé à la vigilance contre le fascisme. À constater la violence de cette algarade, on se dit qu’elle a touché juste. « Vous cautionnez le délit de faciès contre les Blancs« , hurlait le conseiller municipal qui se dit victime des « persécutions » des communistes, du gouvernement socialiste et d’un préfet à sa botte… Bref.
M. Benedetti ayant fini par quitter la salle avec grand fracas, suivi de sa colistière et d’un groupe de jeunes gens qui avaient pris place parmi le public dans l’attente du clash annoncé, la tension a aussitôt baissé et les élus ont pu reprendre le cours normal des débats démocratiques dans un conseil municipal.
À peine une vingtaine de délibérations étaient inscrites à l’ordre du jour. Parmi elles, plusieurs étaient d’importance. À commencer par trois gros chantiers de réhabilitation, qu’a présentés Lahceme Touati, adjoint au maire délégué au patrimoine : la maternelle du groupe scolaire Pasteur, dans laquelle vont être investis 385 000 € (coût global de l’opération, fin de chantier en novembre), le gymnase Charréard (395 000 €, fin de chantier en février 2013) et le centre social Moulin-à-Vent (coût global 630 000 €, dont près de 500 000 pour les seuls travaux, qui s’étaleront jusqu’en septembre 2013).
Présenté par Evelyne Ebersviller, le rapport concernant le fichier commun de la demande locative sociale du Rhône a suscité quelques remarques de Saliha Mertani (MoDem) et de Christophe Girard (divers droite soutenu par l’UMP). Le dossier a été adopté à l’unanimité.
On retiendra aussi de cette séance l’autorisation donnée au lancement de l’urbanisation de l’îlot situé à l’angle des rues Jules-Ferry et Paul-Bert et du boulevard Ambroise-Croizat. Sur ce terrain, qui sert aujourd’hui de parking, la société « Art de construire » projette de bâtir un immeuble d’environ 6500 m2, avec commerces en rez-de-chaussée, activités tertiaires en étages et parkings en sous-sol. L’adjoint Henri Thivillier aura à revenir d’autres fois sur ce dossier, puisqu’il n’en est qu’au stade des régularisations foncières et des relevés de géomètre, mais autant dire que ce morceau de Vénissieux sur Ambroise-Croizat va considérablement changer d’ici à quelques années.
On retiendra encore que la Ville, dans la droite ligne de son Agenda 21, va solliciter l’obtention du label européen Cit’ergie, qui viendrait récompenser la qualité de sa politique énergétique et climatique. Qu’une convention de partenariat va être signée avec le lycée Jacques-Brel, pour le développement d’une section sportive « Rugby féminin » (en partenariat avec le LOU et l’USV). Et qu’une convention d’objectifs va lier la Ville à une association, dénommée AssoLéo, en cours de création sur le quartier Léo-Lagrange. Autorisée à utiliser une partie des locaux de l’ex-terrain d’aventure, AssoLéo s’est engagée à intervenir auprès d’un public de jeunes adultes, à qui elle proposera espace de rencontres, soirées débats, relais d’information, accompagnement de projets, etc. Le tout, évidemment, en lien avec la Ville, ses services, son conseil de quartier et des partenaires tels que le centre associatif Boris-Vian ou la Mission locale.