Culture

“Adieu Berthe” : prendre le temps d’en finir

“Adieu Berthe ou L’enterrement de mémé” est une comédie où l’émotion n’est pas loin, cachée par les rires mais toujours présente. Le film est programmé au cinéma Gérard-Philipe à partir du 27 juin.

Présentée au dernier festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs, “Adieu Berthe ou L’enterrement de mémé” est une comédie où l’émotion n’est pas loin, cachée par les rires mais toujours présente. Le film est programmé au cinéma Gérard-Philipe à partir du 27 juin.Qu’est-ce qui fait que l’on se sent si bien en regardant un film de Bruno Podalydès ? La liberté de ton forcément, déjà inscrite dans le titre d’une de ses précédentes réussites, “Liberté Oléron”. Les passages où la musique prend toute son importance, avec une caméra qui frôle les feuillages, certainement. On pense aussi à la chanson “Comme un p’tit coquelicot”. Tous ces moments où le cinéaste laisse le temps à son récit de s’installer. On pense aussi, et surtout, à ces instants de délire qui vous surprennent.
Bruno Podalydès a demandé à son frère Denis de jouer un indécis partagé entre sa femme (Isabelle Candelier) et sa maîtresse (Valérie Lemercier) qu’il aime toutes les deux. Partagé également entre son métier (pharmacien) et sa passion (magicien). Podalydès est un tricheur qui pourrait être le héros de ce “Roman” filmé par Guitry, dont on aperçoit l’affiche sur un mur.

L’enterrement de sa grand-mère sera pour lui une manière de prendre enfin une décision. Sans doute parce que son frère en est un et que lui-même adore intervenir dans ses propres films, Bruno Podalydès (qui interprète ici un croque-mort haut en couleurs aux côtés de Samir Guesmi, tout aussi remarquable) aime les acteurs. Il essaime ainsi une galerie de personnages souvent touchants, à commencer par un Pierre Arditi hilarant. Citons encore ces beaux rôles qu’il offre à Michel Robin et Judith Magre, cette pleureuse effondrée qui échoit à Noémie Lvovsky, la belle-mère encombrante à qui Catherine Hiégel donne toute sa force, et le directeur des pompes funèbres incarné par un Michel Vuillermoz parfait comme à son habitude.
Bruno Podalydès sait doser son film : aux grands passages de franche rigolade (quand Valérie Lemercier s’énerve et insulte, par exemple) peuvent succéder de doux instants magiques, comme lorsque Denis Podalydès et Valérie Lemercier se lisent les lettres d’amour que la mémé adressait à son magicien, Monsieur Kiff, dont un poster décore toujours la chambre. Car la magie est ici omniprésente : elle ouvre le film, le conclut et le ponctue. Ça, c’est pour les tours de cartes et la malle des Indes. Il serait toutefois dommage d’oublier cette magie poétique qui auréole le récit, le nourrit et rend “Adieu Berthe” tellement attachant.

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