Françoise Pouzache dirige le théâtre depuis un an. Pour sa première saison, elle mise sur une programmation pluridisciplinaire et sur un travail avec les habitants que mèneront les compagnies en résidence. Projet phare, “la petite Babel” imaginera ce que sera le patrimoine de demain.
Après un an au Théâtre de Vénissieux passé à promouvoir le programme préparé par Gisèle Godard, la précédente directrice, Françoise Pouzache a présenté sa première saison mardi soir. “Je voulais renouveler le projet, les souhaits pour ce théâtre, tout en étant pleinement consciente de l’héritage. Mon désir n’est pas de tout jeter aux orties, loin s’en faut. Je suis un petit maillon dans une longue chaîne de directeurs. Je prends le relais et je vais plus loin.” Sur la programmation, elle ajoute : “Je voulais un théâtre joyeux, accueillant, qui pétille, ouvert à tout le monde. La saison ne sera pas généraliste mais pluridisciplinaire dans ses formes et dans ses fonds. Je l’ai bâtie sur deux lignes de force. Construite par petites touches, elle sera une mosaïque de ce qui se fait en danse, théâtre, cirque et formes mêlées. Elle mêlera contemporanéité et classique. Si un spectateur voyait tous les spectacles, il aurait un bon panorama de ce qu’est le théâtre vivant actuellement. La deuxième ligne est de susciter un événementiel sur le territoire, avec des résidences artistiques. Nous donnerons deux ans à une compagnie pour créer un spectacle issu d’un travail de rencontres avec les habitants. Avec la Majo de Parilly, sera creusé le thème de “la mémoire du futur” : imaginons ce qu’il sera, ce que sera le patrimoine de demain. Il va falloir rêver, inventer des trucs délirants. Nous ferons tout cela avec les partenaires vénissians.”
C’est le déménagement de la Majo, prévu en 2014, qui a initié ce projet. “M. Darwiche, le directeur, voulait que l’on fasse parler les résidants sur leur vécu. Dans les ateliers qui seront menés avec eux, le déménagement sera tout à la fois physique et temporel, avec une question récurrente : que veut-on emmener dans le futur et quels objets laissera-t-on sous le tapis ? Au cours des ateliers, les habitants verront travailler une compagnie en phase de création et pourront eux-mêmes participer. On suivra ensuite le spectacle professionnel de la compagnie et la restitution sur scène du travail amateur. C’est ce que nous avons baptisé “la fourmilière”, qui sera une semaine de restitutions en fin d’année. Tandis que nous avons appelé “la petite Babel” les projets sur le territoire de la Ville.”
“La création est une relecture du monde en permanence”
Concernant les spectacles, Françoise Pouzache insiste sur la “multiplicité des portes d’entrée” : “Nous voulons tenter des choses différentes, afin de voir si le public entre plus par une porte que par une autre. il y aura des thèmes sérieux, d’autres rigolos, du théâtre contemporain et des classiques traités sur le ton de la modernité. Nous mélangerons les disciplines. Le travail d’un artiste est de nous réexpliquer le monde. La création est une relecture du monde en permanence. Nous proposerons également beaucoup de spectacles familiaux, des créations régionales avec de jeunes compagnies.”
Puisqu’elle désire un théâtre joyeux, nous questionnons Françoise sur l’humour des spectacles. Sera-t-il omniprésent ? Sa réponse est bien sûr plus modulée. Elle prend l’exemple des “Femmes savantes”, qui sera mise en scène par la compagnie du Détour. “Ce n’est pas parce qu’on entend des alexandrins que l’on doit s’ennuyer. Agnès Larroque a choisi la légèreté pour que Molière soit audible par un plus grand nombre. Mais l’accessibilité vient du décalage, de la manière dont le sujet est traité. Un spectateur n’est pas obligé de souffrir en venant au théâtre et il peut malgré tout attaquer la face nord.”
Françoise Pouzache commente la saison
“La confidence des oiseaux”, compagnie le Guetteur. Du 19 au 21 septembre, dans le cadre de la Biennale de la danse.
“J’ai rencontré l’été dernier Dominique Hervieu, directrice de la Maison de la danse. Je lui ai demandé ce spectacle, qui se situe entre lenteur et énergie, douceur et étrangeté. C’est l’homme qui aurait enfin pactisé avec la nature. Ce spectacle familial est magnifique. On y voit d’ailleurs des oiseaux sur scène.”
“La liberté pour quoi faire ? Ou la proclamation aux imbéciles”, Jacques Allaire. 12 octobre.
“Jacques Allaire se sert de deux textes écrits par Bernanos entre les deux guerres, “La liberté pour quoi faire ?” et “La France contre les robots”. Il mène une réflexion sur l’homme moderne qui se dit libre et l’est si peu. Les libertés sont rognées sans cesse, au nom du profit.”
“Qui est cet inconnu dans mes bras ?, Flash Marionnettes. Le 20 octobre.
“Deux comédiens marionnettistes parlent de l’enfance. Comment se souvient-on de son enfance ? Qui est cet ours sur la photo, dont on ne se souvient pas ? Et où est mon ours Michka, celui dont je me souviens ? En filigrane, passe la transmission des doudous et la part d’enfance qui reste en nous. Le texte aborde en outre plusieurs thèmes d’aujourd’hui, comme les familles recomposées.”
“Un monde meilleur ?”, Cie Lalasonge. Du 24 au 26 octobre au centre culturel Théo-Argence, Saint-Priest.
“Le Théâtre de Vénissieux fait partie du Groupe des 20, qui réunit des théâtres de ville en Rhône-Alpes. Ce groupe soutient la création de textes et de spectacles. Dans le cadre de la deuxième édition de “Saut en auteurs”, nous avons retenu deux textes de Sébastien Joanniez et Jean-Michel Baudoin, qui seront montés par une compagnie régionale, Lalasonge. Le spectacle se déroule à Saint-Priest, c’est pourquoi nous affrétons une navette gratuite entre le Théâtre de Vénissieux et le centre culturel Théo-Argence. Nous avons demandé à l’Espace Pandora de lire des textes dans le bus.”
“Conte & Soul”, Patrice Kalla. Le 7 novembre.
“C’est un griot urbain qui a un pied dans la tradition africaine et un dans notre réalité. Accompagné de musiciens, il slame, chante de la soul music, du jazz, du groove.”
Emily Loizeau. Le 16 novembre.
“La chanteuse sortira un nouvel album cet automne, toujours folk, et nous serons parmi les premiers à l’accueillir. J’aurais bien aimé que notre scène se spécialise dans la chanson française. Mais le Radiant à Caluire, qui vient d’être repris par Victor Bosch (le fondateur du Transbordeur) et Olivier Poubelle, pourrait le faire aussi. Il n’est pas judicieux que deux lieux, dans l’agglomération, proposent le même type de spectacles.”
“Modèles”, Cie La part des anges. Le 30 novembre.
“Ce spectacle, qui vient de Paris, parle de ce qu’est être femme aujourd’hui. Les textes sont tirés de Bourdieu, Duras, Virginie Despentes, etc. Il y a de la joyeuseté dans ces “Modèles”, même si le constat n’est pas reluisant. Les cinq actrices sur scène représentent des archétypes différents. Elles sont accompagnées de musiciens.”
“Les femmes savantes”, Cie du Détour. Les 13 et 14 décembre.
“Ce sera la création d’une de nos compagnies en résidence. Adapté de Molière, ce théâtre burlesque est brechtien en diable, avec des changements à vue. Cinq actrices vont jouer tous les rôles, masculins et féminins… On peut dire qu’une scène se déroule dans une cuisine Ikea… et que les alexandrins glissent tout seul.”
Nouara Naghouche, “Sacrifices”. Le 21 décembre.
“Cette jeune femme jouit du double A : Algérienne-Alsacienne. Son one-woman show très humoristique est également très politisé.”
“Annette”, Les Transformateurs. Les 17 et 18 janvier.
“Les Transformateurs de Nicolas Ramond sont notre deuxième compagnie en résidence cette année. Sur ce spectacle, les Vénissians en savent déjà beaucoup puisqu’une étape de création a été présentée en mai dernier. À partir de l’histoire de sa sœur, décédée d’une maladie orpheline, Nicolas a demandé à Fabienne Swiatly de lui écrire un texte. Les voir travailler sur scène, expérimenter des choses qui ne resteront peut-être pas dans la version finale est passionnant.”
“Ha, Ha, Ha”, Oridok. Le 25 janvier.
“Ces clowns de Belgique se situent dans la tradition des anciens, de Grock aux clowns russes style Popov. Ce spectacle familial est à la limite du théâtre d’objets, dans un univers qui rappelle Tex Avery.”
“Oh Boy !”, Le Théâtre du Phare. Le 1er février.
“Seul en scène, le personnage est un jeune homme de 25 ans, sur le dos de qui tombe une famille. Ce spectacle cocasse, visible à partir de 9 ans, s’adresse en fait à tout le monde. Il utilise les thèmes de la vie : l’amitié, la maladie, le vivre ensemble, etc. Une prestation à fleur de peau, qui nous fait passer du rire aux larmes.”
“Les encombrants font leur cirque”, Théâtre La Licorne. Le 8 février.
“Voilà un bel exemple de cirque nouvelle génération ! Entourés d’énormes formes en métal, les artistes proposent des dressages de mouches, de requins, de moules et de boîtes de sardines. Ce sont des vieillards cacochymes qui dansent les claquettes en charentaises. J’ai vu ce spectacle familial, très onirique et très rigolo, sous son ancienne forme. Il sera recréé avec de nouveaux numéros de marionnettes portées.”
“Bynocchio de Mergerac”, Bouffou Théâtre. Le 16 février.
“Dédié aux 3-6 ans, ce théâtre d’objets raconte l’histoire d’un petit personnage né sans son nez. C’est poétique et bourré d’humour.”
“Comme d’habitude”, Les Blérots de R.A.V.E.L et Vilcanota. Le 21 février.
“Lorsqu’un groupe de chanson française rock, les Blérots de R.A.V.E.L, rencontrent une compagnie de danse de Montpellier, Vilcanota (de Bruno Pradet), cela donne une aventure joyeuse mêlant quatre danseurs et sept musiciens. Et un concert de danse déconcertant !”
“Lorenzaccio”, Michel Belletante. Le 15 mars.
“On connaît l’histoire de Lorenzo de Médicis qui, à Florence, se rapproche de son cousin le tyran dans le but de l’assassiner et de restaurer la République, mais devient son compagnon de débauche. Les Florentins surnomment le perverti Lorenzaccio, avec un suffixe péjoratif : il est devenu ce qu’il combattait. Dans cette création assez dépouillée, Michel Belletante reprend le texte de Musset d’une façon très contemporaine, avec blues et musiciens sur scène.”
“Poucet pour les grands”, Cie Travelling Théâtre. Le 20 mars.
“Le metteur en scène Gilles Granouillet change le cours des choses et montre que l’on n’est pas forcément victime de son destin. Dans le conte de Perrault, les filles de l’ogre ne sont là que pour se faire dévorer par leur père, parce que Poucet a déposé sur leurs têtes les bonnets de ses frères. Ce “Poucet pour les grands” raconte la rencontre du Petit Poucet avec une des ogresses, qui est végétarienne, et comment, en une seule nuit, ils se réinventent un monde.”
“2 temps, 3 mouvements”, Théâtre de Vénissieux, école de musique Jean-Wiener et Projet Bizarre ! Le 29 mars.
“Souvent, sur scène, les musiciens sont gauches avec leurs corps. Avec Bizarre ! et l’école de musique, nous avons demandé à un metteur en scène, Nicolas Ramond, de travailler avec un groupe de Bizarre ! et deux fanfares de l’école de musique. Ils feront pendant une semaine des sessions sur scène. Le mercredi, tout le monde travaillera ensemble. La première sortie d’usine se déroulera le vendredi soir.”
“L’orchestre d’hommes orchestres joue à Tom Waits”. Le 12 avril.
“Ces Québécois ont commencé dans les bars. Avec deux chanteuses, ils reprennent le répertoire de Tom Waits. Ces multi-instrumentistes utilisent tout ce qui leur passe sous la main, bacs d’eau ou spaghetti.”
“Passo”, Ambra Senatore. Le 19 avril.
“Cette compagnie franco-italienne, dirigée par Ambra Senatore, pratique la danse contemporaine. Le spectacle est ludique et théâtralisé, usant de mise en abyme.”
Arno. Le 24 mai.
“On ne présente plus le chanteur. Lui aussi -comme Emily Loizeau- sort prochainement un nouvel album. Quel plaisir de l’entendre chanter “Les filles du bord de mer” ou un autre de ses grands succès.”
“Doudou perdu”, Jacques Haurogné. Le 29 mai.
“Ce spectacle s’adresse au jeune public. Avec son guitariste, Jacques Haurogné reprend “Les fabulettes” d’Anne Sylvestre. Il offre un récital plein de poésie aux 3-6 ans mais aussi aux plus grands.”
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