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Bionic Orchestra : un bruit qui court

Bionic Orchestra

Bionic Orchestra, groupe français de Human BeatBox (boîte à rythmes humaine), était au théâtre de Vénissieux jeudi 3 mai pour un concert à l’invitation de l’association Bizarre !

Ni tambour ni trompette dans la salle. Cela n’a pas empêché une explosion de bruits. À 20 heures, le Théâtre de Vénissieux, sur proposition de l’association Bizarre !, accueillait un concert de Bionic Orchestra, collectif d’artistes et d’ingénieurs, spécialisés dans le Human BeatBox.

Les membres principaux, Ezra et LOS (Laurent), sont des beatboxers. Le premier s’est lancé, il y a quinze ans, dans la reproduction des bruits qui l’entouraient, avant d’en faire son métier en 2005. Le second a commencé, par manque d’argent, à reproduire les bruits des instruments, il pratique le beatbox depuis treize ans. Cela fait maintenant sept ans qu’ils travaillent ensemble. Le spectacle présenté à Vénissieux mêlait beatbox, gestuelle et jeux de lumières.

Un homme vêtu de noir, assis, au centre d’un cercle tracé au sol, sur la scène. Un jet de lumière diffusé sur lui, pas d’autre éclairage dans la salle. Autour, des coussins et des chaises posés de manière aléatoire, pour l’auditoire. La quarantaine de spectateurs est donc assise sur la scène (oui, oui, sur la scène), encercle cet homme encapuchonné. À gauche, les techniciens son et lumières. Aux extrémités de l’estrade, des projecteurs éteints. Silence.

Le noir se fait. Le bruit commence. (Boum, Boum, Boum). Il s’amplifie, varie (Boum, Pom, Pshii). Comme de vraies basses, sans instrument, seulement créées par les cordes vocales. L’homme -Ezra- se lève, tout doucement, sur ses pieds nus. Boum-Pom-Schii. On entend comme une réponse. C’est son comparse, LOS, installé derrière le public, dans l’ombre. Leurs sons sont agressifs, presque animaux. Ils se font face. C’est un combat de beatbox auquel on assiste.

Ils sont maintenant tous deux au centre du cercle éclairé. Ils répètent plusieurs fois le même son, l’enregistrent à l’aide de leur portable et le diffusent en continu sur les enceintes. Ces dernières répartissent aléatoirement les sons dans la salle.

Hum, tchick, poum, hum, tchick, poum. Le rythme s’accélère, les lumières aussi. L’atmosphère devient intemporelle, surnaturelle, presque irréelle. Puis, c’est le silence.

LOS est maintenant seul dans le cercle, il chante. La lumière s’amplifie à la même cadence que le son de sa voix. Silence. Noir. Il rechante. Une deuxième voix suit ce chant, un chant religieux, inquiétant. Des pulsations s’ajoutent, presque cardiaques. Po-pom, po-pom, po-pom. Un autre bruit se greffe. Puis un autre. Jusqu’à ce que les bruits arrivent de tous côtés. Impossible de distinguer leur provenance. Le public est encerclé par les sons. Même l’éclairage a l’air de s’exciter. Les tympans et les pupilles s’éveillent et s’agitent. Stop. Silence. Noir.

Un nouveau rythme est donné par LOS : tss-tic, tss-tic, tss-tic. Un râle de machine s’y ajoute. Ezra revient dans le cercle et complète ses sons. LOS imite une guitare électrique, puis une batterie. Au tour d’Ezra d’imiter une guitare, de jouer ses propres riffs buccaux, avant d’enchaîner sur un air plus hip-hop.

Ezra et LOS tournent dans leur cercle, observant et narguant le public, comme des lions se frottant aux barreaux de leurs cages. STOP. Le son se coupe. STOP. La lumière s’éteint. Applaudissements.

Au rappel : Ezra et LOS partagent le public en six groupes. Chacune émet un son différent. Je fais partie du « Poum Poum ». On crée une chanson, à l’unisson, guidé par les deux beatboxers. Les voix se taisent, une par une, jusqu’au silence total. LOS et Ezra s’enlacent. On ressort de la salle étonné, c’est fou tout ce qu’une bouche est capable de faire.

 

Marilou Carmo

 

 

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