Alors que les poubelles s’amoncellent dans l’agglomération, la grève des éboueurs ne faiblit pas. Pire, les relations entre syndicats et direction du Grand Lyon se durcissent.
Cela fait maintenant neuf jours que les éboueurs ont entamé leur grève (le mouvement a été reconduit ce matin) et les effets en sont visibles. Partout dans l’agglomération où les collectes sont effectuées en régie (c’est-à-dire par les fonctionnaires), les poubelles débordent. C’est le cas à Vénissieux, mais aussi à Rillieux, Caluire, Tassin, Saint-Priest… Et dans certains arrondissements lyonnais (3e, 4e, 6e et 7e). Ailleurs, là où ce sont des entreprises privées qui font le boulot, dans le cadre d’une délégation de service public, les déchets sont collectés.
Cette distinction public/privé ou régie/délégation est au cœur du conflit débuté le 12 mars. Le Grand Lyon a en effet le projet de modifier en octobre 2012 la distribution des marchés de collecte : Lyon et Villeurbanne seraient transférés au privé quand les 56 autres communes seraient attribuées au public.
Pour les syndicats, cette réorganisation marque le début d’une privatisation qui ne veut pas dire son nom. D’abord parce qu’elle accroît la part des entreprises par rapport à la régie publique, mais aussi parce qu’elle donne les tournées les plus rentables au privé. “Dans le système actuel déjà, nous estimons que la répartition n’est pas égalitaire, explique Lotfi Benkhelifa. Mais ce sera encore pire si ce projet est appliqué.”
Le Grand Lyon jure qu’il n’en est rien, qu’il entend bien maintenir l’équilibre régie/entreprises à 50/50, et soutient que “cette réorganisation est uniquement géographique”. Dans un communiqué de presse daté du 19 mars, la communauté urbaine fait valoir “la nécessité de rebattre les cartes à chaque fois que les marchés arrivent à échéance, de manière à assurer l’égalité des entreprises et à ne pas favoriser les sortants, conformément aux recommandations habituelles de la Chambre régionale des comptes.”
Mais les syndicats restent convaincus que l’objectif véritable est d’accentuer la privatisation du service de collecte des déchets.
L’autre point de désaccord concerne le travail du samedi. L’intersyndicale demande que tous les samedis soient libres ; le Grand Lyon propose un samedi sur deux.
Lundi 19 mars, la direction de la communauté urbaine a renoncé à une action judiciaire en référé contre huit syndicalistes, qu’elle avait prévu de poursuivre pour entraves à la liberté du travail. On a pu croire à un apaisement possible. Mais mardi matin le Grand Lyon a déploré de nouvelles entraves et annoncé qu’il engagera « des actions judiciaires et disciplinaires”.
C’est chose faite puisque ce mercredi après-midi, à 16 heures, huit responsables syndicaux sont attendus au tribunal de grande instance de Lyon. Une délégation de grévistes sera là pour les soutenir. Les syndicats ont par ailleurs déposé un troisième préavis de grève pour le jeudi 22 mars, qui prévoit d’étendre le conflit à tous les salariés du Grand Lyon pour « faire respecter le droit de grève ».
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