Le Conseil général du Rhône a emmené 150 collégiens, dont une dizaine de Vénissieux, visiter le camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau en Pologne. Nous les avons suivis dans ce voyage de mémoire bouleversant.
La neige. Le sol gelé. Le vent cinglant. La boue, parfois. Et ce silence, toujours, dans les immensités glacées des plaines polonaises. Il ne pouvait y avoir meilleur climat pour se rendre compte. Imaginer, ne serait-ce que le centième de l’horreur vécue, entre mai 1940 et janvier 1945, par 1,3 million de personnes, déportées au camp d’Auschwitz-Birkenau par l’Allemagne nazie en raison de leurs religions, de leurs appartenances ethniques, de leurs opinions politiques ou de leurs préférences sexuelles.
Jeudi 19 janvier, le Conseil général du Rhône a emmené sur ces lieux chargés d’histoire quelque 150 collégiens du département, répartis en groupe de vingt. Parmi eux, dix venaient du collège Louis-Aragon de Vénissieux, accompagnés par leur professeur, Christèle Bonneau, et d’un déporté lyonnais, Claude Bloch. Étaient également présents quelques élus, dont Marie-Christine Burricand, (conseillère générale de Vénissieux), Christian Coulon (maire du 8e arrondissement de Lyon) ou encore Najat Vallaut-Belkacem (conseillère générale de Lyon).
Accompagné par la guide francophone Teresa Wrona et Claude Bloch, un Lyonnais survivant du camp d’Auschwitz-Birkenau, le groupe que les collégiens d’Aragon formaient avec ceux des « 4 Vents » de l’Arbresle, a adopté l’attitude respectueuse nécessaire à une telle visite. Car il ne s’agissait évidemment pas d’un séjour touristique : pas question de courir dans tous les sens, de se chamailler, de sortir les téléphones portables à tout bout de champ. “Nous nous étions préparés, précise Christèle Bonneau. Nous avons étudié des textes, vu des documentaires sur la déportation. Claude Bloch est également venu raconter son parcours en classe. Ces jeunes, qui ont fait le choix de venir ici, savent où ils mettent les pieds.”
La visite, donc, débute par le camp d’Auschwitz-I. Et par le passage sous l’inscription “Arbeit macht frei” (“Le travail rend libre”). “Chaque matin, lorsque les prisonniers quittent le camp pour aller travailler, raconte Teresa Wrona, c’est au rythme d’une marche jouée par un orchestre de détenus.” Premières informations, premiers chocs : l’horreur destructrice imaginée par les nazis se met en place dans les esprits, et parmi les collégiens le silence s’impose, les regards deviennent hagards. Les “blocks”, transformés en musée, révèlent aux adolescents l’implacable organisation de l’holocauste : vêtements, chaussures, prothèses, lunettes, jouets, valises… il reste des milliers d’effets personnels appartenant aux déportés. “On nous prenait tout à notre arrivée, explique Claude Bloch. Tout était ensuite réutilisé, distribué, vendu.”
« Maintenant, c’est à vous de transmettre »
Visité l’après-midi, le camp d’Auschwitz-II, ou Birkenau, est une immense plaine gelée, où l’on n’entend aucun bruit. Un silence glacial et glacé. Il ne reste du camp que quelques baraquements, témoins des conditions dantesques que réservaient les nazis aux détenus. “On se croirait dans un bâtiment du Moyen-Âge”, commente un collégien, à l’intérieur d’une ancienne étable à chevaux transformée en baraquement, où les nazis entassaient les prisonniers.
Certains bâtiments, dont les chambres à gaz et les fours crématoires, ont été entièrement détruits : informés de l’avancée alliée, les SS ont essayé de faire disparaître les preuves. “Les nazis faisaient entrer dans les chambres à gaz hommes, femmes et enfants de tous âges, rappelle Teresa Wrona devant les ruines. Ils leur disaient “Vous allez prendre une douche, notez bien le numéro du portemanteau auquel vous accrochez vos affaires pour les récupérer après” Dans la chambre à gaz, il y avait même de faux pommeaux de douche, pour éviter que les gens ne paniquent et pour qu’ils pensent jusqu’au bout qu’ils allaient être lavés. Une fois les prisonniers enfermés à l’intérieur, des officiers SS versaient le gaz Zyklon-B par une ouverture dans le toit. En une vingtaine de minutes, tout le monde était mort. Les sonderkommandos, des prisonniers juifs pour la plupart, étaient ensuite chargés de sortir les corps. Certains visages étaient tordus de douleur.”
Pour clore la journée, une gerbe a été déposée au pied du monument international d’Auschwitz-Birkenau. Des représentants de chaque collège ont lu quelques lignes de leur choix sur la Shoah. Ceux de Louis-Aragon ont choisi un extrait du livre de Primo Levi, “Si c’est un homme”.
Plus de 1,1 million de personnes, dont 90 % de Juifs, ont péri dans ce camp d’Auschwitz-Birkenau. Libérés par les Soviétiques le 27 janvier 1945, 7 000 détenus étaient encore présents, dont beaucoup incapables de marcher. “Maintenant, c’est à vous de transmettre ce que vous savez, a lancé Teresa Wrona aux adolescents. Parlez-en, afin que l’on n’oublie jamais.”
Raphael
30 janvier 2012 à 16 h 02 min
T.Bon reportage, bravo Greg
Raphael
30 janvier 2012 à 16 h 02 min
T.Bon reportage, bravo Greg
Raphael
30 janvier 2012 à 16 h 02 min
T.Bon reportage, bravo Greg
Raphael
30 janvier 2012 à 16 h 02 min
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