La 14e circonscription du Rhône avait attiré pas moins de 19 candidats, en 2007. En ce mois de janvier 2012, ils sont déjà six à être investis. On ne s’arrêtera probablement pas là, car deux facteurs nouveaux aiguisent les appétits dans ce territoire. D’abord, son redécoupage : la majeure partie de Saint-Priest a été “basculée” dans la circonscription, qui couvre désormais six villes : Vénissieux, Saint-Priest (17 000 des 24 000 électeurs que compte la ville), Saint-Fons, Corbas, Feyzin et Solaize. Second élément, le retrait d’André Gerin. Député communiste du Rhône depuis 1993, il a annoncé qu’il ne briguerait pas un cinquième mandat pour laisser la place “au renouvellement et au rajeunissement ».
Le premier à être entré en campagne est le socialiste Yves Blein. Le maire de Feyzin fait tandem avec Nora Othman, élue de Saint-Priest. C’est à Vénissieux qu’il a implanté son local de campagne (15, rue Gambetta), inauguré le 7 janvier en présence d’une cinquantaine de militants, de sa collègue de Saint-Fons, Christiane Demontès, et de Bruno Le Roux, porte parole de François Hollande. Yves Blein s’est employé à pointer les faiblesses du bilan de Nicolas Sarkozy, avant de promettre une “campagne offensive, pugnace, de terrain (…) pour faire comprendre aux Français que les socialistes sont le seul recours pour la France”. Mme Demontès affichait les ambitions des socialistes : “Je crois que les conditions sont réunies pour reprendre le siège”, a considéré la sénatrice-maire, qui appuie également son raisonnement sur le retour du PS aux commandes dans les communes de Saint-Fons et de Corbas depuis 2008.
Les communistes sont moins avancés dans leur campagne. Le 9 janvier, Michèle Picard annonçait qu’elle relevait le challenge de garder au PCF le siège laissé par André Gerin, dont elle est depuis dix ans la suppléante. La candidature du maire de Vénissieux ayant été ratifiée par les directions du Parti communiste à Saint-Fons, Corbas et Saint-Priest, et par la fédération du Rhône, il reste à la faire ratifier par les militants. Et à désigner le suppléant, un San-Priot. Le tandem devrait être en place fin janvier.
Michèle Picard affirme pouvoir s’appuyer sur l’expérience acquise auprès du député sortant, et sur sa propre implantation dans la circonscription pour incarner « l’espoir d’un changement de société ». Alors qu’André Gerin annonce « une bataille avec beaucoup de piment », Serge Truscello, secrétaire de la section de Vénissieux, cadre la campagne : “Il faut donner au peuple une véritable alternative et pas seulement une alternance entre une droite qui n’a de cesse d’empiéter sur le territoire du FN pour tenter de se maintenir au pouvoir et un PS empêtré dans son allégeance aux marchés et au traité de Lisbonne. »
À PCFgauche encore, le Mouvement républicain et citoyen présentera Thierry Vignaud, adjoint au maire de Vénissieux. Son/sa suppléant(e) n’est encore pas connu(e). Sa candidature a été officialisée par Martine Souvignet, membre du conseil national et première secrétaire fédérale dans le Rhône, à l’occasion de la présentation des vœux aux Vénissians du parti de Jean-Pierre Chevènement. Comme en 2007, « Le Che » veut se présenter à la présidentielle et, balayant par avance les critiques, Thierry Vignaud souligne : “Faire trébucher la gauche n’est pas notre but, mais nous voulons peser sur les décisions que le nouveau gouvernement devra prendre afin de renouer avec une République sociale.”
L’UMP investit Christophe Girard
Du côté d’Europe Ecologie – Les Verts, candidat et suppléante ont été désignés : Zafer Girisit et Catherine Moncayo présenteront leur programme lors d’une prochaine conférence de presse. San-Priot de 31 ans, M. Girisit avait déjà représenté EELV aux cantonales de 2011. Militante associative, Mme Moncayo était -pour la même élection- suppléante dans le canton de Saint-Fons.
Si le Conseil national de l’UMP investira ses candidats le 28 janvier, le voile est déjà levé quasiment partout. Dans notre circonscription, Christophe Girard représentera le parti présidentiel. Déjà candidat en 2007, mais sous la bannière du MPF de Philippe de Villiers, il défendait « une droite patriotique de gouvernement ». Un an plus tard, il était élu conseiller municipal à Vénissieux ; président d’un groupe d’opposition soutenu par l’UMP, il se défend d’être le représentant local de M. Sarkozy. Il va avoir du mal à maintenir le distingo.
Le Front national a lui aussi choisi sa prétendante dans la 14e : ce sera Sandrine Ligoud, une San-Priote de 43 ans. Secrétaire de direction, elle est engagée au FN depuis une vingtaine d’années et secrétaire de la section du parti d’extrême droite.
Les candidats ont jusqu’à la mi-mai pour se faire connaître. Cela laisse du temps.