Pour Michèle Picard, le maire de Vénissieux, “la mobilisation montre que ces familles sont bien intégrées en France. Votre vie est ici. Ces familles n’ont pas quitté leur pays pour faire du tourisme. Où est la France terre d’accueil ? La politique des chiffres mise en place par le gouvernement Sarkozy ne tient pas compte des familles. Les conditions de vie des sans-papiers en France sont inacceptables. Sachez que vous pouvez compter sur nous et sur les Vénissians. Notre mobilisation est utile.”
Guy Fischer, sénateur, insistait lui aussi sur l’exemplarité de ces familles. “Je tenais à être présent. On voit toute l’inhumanité de la politique menée par Claude Guéant, le ministre de l’intérieur. J’ai adressé au préfet un courrier dans lequel je lui demande de surseoir à la décision d’expulsion et d’accorder à nos familles sans-papiers un titre de séjour.”
Les conseillers généraux, puis Lotfi Ben Khelifa, adjoint au maire en charge des formalités administratives, rappelaient que seule la mobilisation peut faire plier le préfet. L’adjoint précisait : “C’est une chasse à l’homme commanditée par l’Élysée à des fins électoralistes, mais aussi parce que la xénophobie, la méfiance envers celui qui est différent sont les fondements de cette droite. Cette situation n’a que trop duré. Chez eux c’est ici ,en France, là où ils ont fait leur vie, où sont leurs amis, où sont scolarisés leurs enfants. »
Tour à tour les représentants de RESF et les enseignants des enfants ont assuré à l’unisson que ces familles doivent rester à Vénissieux.
“Roms musulmans persécutés en Macédoine, M. et Mme Bekir sont en France depuis 10 ans”, rappelait Myriam. Toutes les démarches entreprises pour leur régularisation ont pour l’heure échoué. Leurs six enfants ont tous été parrainés par les élus vénissians en 2008, à l’occasion d’une cérémonie de baptême républicain. Aujourd’hui, leur fille aînée, mariée, vit en Italie avec son époux et ses deux enfants. Dzemsija, 22 ans, régularisée depuis 2009, travaille en France. Mais les plus jeunes vivent sous la menace d’une expulsion : Dzeljan, 17 ans, étudie au LP du Premier film ; Almedina, 13 ans, est en 5e au collège Paul-Éluard, tandis que les deux plus jeunes, Ramazan et Mevlana, sont à l’école Charles-Perrault. “Ils ont une scolarité exemplaire et sont très bien intégrés, soulignent les membres de RESF. Leurs amis sont ici. » Mme Bekir suit depuis trois ans des cours de français au collège. Quant à son mari, peintre en bâtiment, il a une promesse d’embauche de la part d’un artisan. “On pensait vraiment que le bout du tunnel était proche pour la famille, ajoutent les membres du Réseau. Mais en janvier dernier la PAF (Police de l’air et des frontières) s’est présentée à leur domicile pour les interpeller. Quelques heures plus tard, les policiers confisquaient leurs passeports. Depuis quelques semaines, tous vivent dans l’angoisse puisqu’ils viennent de recevoir une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) dans le délai d’un mois. À tout moment, s’ils sont arrêtés, ils peuvent être expulsés.”
Le cas des Békir n’est pas le seul. Aoua Sall, une jeune maman en France arrivée en France en 2003, vit avec son compagnon en situation régulière. Ils ont eu deux enfants : Djelija, 4 ans, scolarisée à la maternelle Jean-Moulin, et Siuriman, 2 ans. “Aoua a reçu une OQTF début novembre. Elle risque d’être expulsée à tout moment, une expulsion qui la séparerait de son compagnon et de ses enfants. »