Un conseil de quartier, pour les élus, cela permet d’échanger, de faire partager des perspectives, des projets. Au cours de l’assemblée générale de Jules-Guesde le 22 novembre, le maire n’a donc pas manqué d’évoquer le travail mené par l’équipe municipale pour le développement de Vénissieux. Mais un conseil de quartier, pour les habitants, sert d’abord à faire part des désagréments quotidiens.
Après la présentation de la présidente du conseil, Saliha Prudhomme-Latour, il n’a pas fallu longtemps pour que les riverains de Jules-Guesde répertorient les dysfonctionnements qui les agacent : un passage piéton non éclairé à l’arrêt du tram vers Carrefour, une pelouse affaissée de quelque 20 cm à l’intersection de la rue Molière et du boulevard Joliot-Curie, des feux tricolores non coordonnés, des feuilles mortes qui forment des tas glissants car le Grand Lyon n’a aucun cantonnier à Vénissieux pour les ramasser.
Un monsieur déplore des difficultés d’accès à son garage, dont la porte est fréquemment bloquée par des automobilistes irrespectueux. Quelques PV sur les pare-brise serviraient évidemment de leçons. Mais le PV, c’est une autre dame qui l’a reçu : 35 euros pour s’être garée brièvement sous un panneau indiquant, certes, que le stationnement est interdit mais où elle ne dérangeait personne… sa voix en tremble encore.
Une longue série d’“emmerdements quotidiens” -selon l’expression d’Henri Thivillier-. S’adressant aux services municipaux présents, l’adjoint au maire demandait qu’on en fasse immédiatement la liste : “Il faut qu’on se secoue les puces, poursuivait-il. Nous et les autres.” Nous ? C’est-à-dire la ville de Vénissieux. Les autres ? Le Sytral, le Grand Lyon, la police nationale ou encore l’OPAC du Rhône…
Autre point de crispation, l’aménagement paysager du square de la rue Bonnet-Pernet. “On dirait les herbes de la pampa”, grince un habitant. Et pourquoi a-t-on arraché les rosiers ? Dans la salle, une jeune femme est bien placée pour répondre : habitante de l’avenue Jules-Guesde, elle travaille au service municipal de l’environnement et s’est occupée de cet aménagement. Elle s’efforce de rassurer les plaignants : l’espace va s’améliorer au fil des saisons. Quant aux roses, il y en a : il faut seulement leur laisser le temps de pousser. Certains pointant un entretien insuffisant des plantations, elle s’engage à relancer l’entreprise qui en est chargée.
“C’est très important que les conseils de quartier soient actifs, afin de secouer tous ceux qui sont responsables de trouver une solution”, insistait au cours de la soirée Pierre-Alain Millet, adjoint au maire. Et il invitait les habitants à se servir de ces structures “pour ne pas crier dans le désert”. Mais crier dans le désert, c’était probablement le sentiment qui animait Mademoiselle Clavel, une figure du quartier, lorsqu’elle s’est saisie du micro. Locataire de l’OPAC du Rhône, elle souffre d’un handicap qui va grandissant et ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant. Mais pas question de quitter le logement qu’elle occupe depuis 1966, même si chaque jour lui amène une galère, dont témoigne un délégué du conseil : escaliers à monter, trottoirs absents, ou pas finis ou défoncés… “Je me suis battue pendant des années pour avoir un trottoir devant chez moi, on en a commencé un mais il manque un grand morceau. Je ne peux plus sortir seule”, explique-t-elle. Le maire l’invitait alors à “venir tout dire” à la prochaine réunion de la commission municipale d’accessibilité, début décembre, qui a l’objectif de répertorier tous ces points noirs. Mais le directeur de l’agence de Vénissieux de l’OPAC du Rhône créait la surprise en lui répondant : “Je vous raccompagnerai chez vous tout à l’heure”. C’est donc poussée par Stéphane Goupy que la dame quittait les lieux, vers 20 heures. Le groupe est resté un bon moment à discuter devant l’allée.
C’est pour toutes ces rencontres impromptues que les conseils de quartier n’ont plus à démontrer leur utilité.
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