Pour une nuit, le centre social de Parilly a été transformé jeudi en lieu d’hébergement pour des familles roms qui, devant être expulsées le matin du squatt qu’elles occupaient dans le quartier Surville, à Lyon-7e, avaient dans un premier temps trouvé refuge sur un terrain privé à Vénissieux.
Jeudi soir, le maire a rendu public un communiqué que nous reproduisons ci-après. Michèle Picard y explique notamment qu’à la suite d’un travail mené entre la préfecture de Région et l’association Notre-Dame des Sans-Abris dans le cadre du plan Grand Froid, Vénissieux va accueillir dix-huit structures de logement provisoires qui serviront à des familles adressées par le « 115 ».
« Menacées d’expulsion dans leur campement de la rue de Surville à Lyon 7e, des familles se sont installées jeudi matin sur un terrain privé à Vénissieux, avec leurs paquetages et pour certains des caravanes. Une majorité de caravanes est repartie avec leurs occupants, quatre ont été placées en fourrière, leur état ne permettant pas un nouveau déplacement.
« Les populations encore présentes ont investi le centre social de Parilly, qui n’est pas un lieu d’hébergement et dont l’occupation ne peut perdurer. Tout au long de la journée, la Ville de Vénissieux a mobilisé ses ressources afin de trouver la meilleure issue possible pour chacun. Contacté, le 115 n’a pu apporter de réponse.
« Une nouvelle fois, les villes, leurs maires, leurs élus sont pris en otage. Je refuse d’être culpabilisée, manipulée, ballotée entre l’absolue nécessité de trouver des solutions humaines et dignes aux côtés des associations et l’impérieuse responsabilité d’assurer la sécurité de mes administrés, de faire respecter la loi avec la Préfecture.
« Depuis deux ans, je demande l’organisation d’une table ronde, placée sous l’égide du préfet, avec toutes les villes de l’agglomération, le Conseil général et le Grand Lyon, afin d’apporter aux 800 personnes Roms en errance dans l’agglomération, une réponse décente et digne. Aujourd’hui se renvoyer la patate chaude ne sert à rien, ne sert personne, ni les associations, ni les villes, ni l’État et encore moins ces familles.
« La politique sociale de notre ville est cohérente et volontariste. Nous sommes très loin de nous désintéresser de la question. Nous prenons nos responsabilités et portons notre part du sac à dos.
« Conscients des risques majeurs encourus, nous avons mis en place depuis deux ans un dispositif de veille et de mise en sécurité des squats. Cette procédure est destinée à protéger autant ces populations que les habitants, tant nous savons qu’un drame humain peu subvenir à tout instant dans ces campements de fortune. L’actualité nous l’a rappelé trop souvent.
« À ce jour, nous sommes aussi la seule ville à avoir répondu présent pour permettre l’ouverture de places supplémentaires d’hébergement dans le cadre du plan grand froid sur le département. Le préfet de la Région Rhône-Alpes et du Rhône a chargé l’association Notre-Dame des Sans-Abris de piloter un projet d’implantation de structures provisoires, pour la période hivernale. À Vénissieux, 18 habitations pourront accueillir, par le biais du 115, des familles privées de logement sur toute l’agglomération, dont des familles Roms.
« La Ville de Vénissieux a tenté de trouver des solutions pour sortir par le haut de cette situation. Je souhaite que chacun des acteurs concernés prennent leurs responsabilités. Ce soir les familles dormiront dans le centre social et une nouvelle fois notre ville est contrainte d’assumer la situation d’urgence. Je le déplore très vivement.
« À chaque nouvelle expulsion, nous verrons ces populations s’installer une fois chez nous, une fois chez le voisin. Jusqu’à quand allons-nous nier le problème de fond ? Cessons cette politique de l’autruche, là où il est question de dignité humaine ! »