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Vénissieux, ses projets, son futur : entretien avec Michèle Picard, maire de la ville

Le Grand Rendez-vous de la Ville s’est clos le 1er octobre avec une manifestation toujours très appréciée : les Reconnaissances vénissianes. Cette cérémonie met à l’honneur des habitants et acteurs de la ville qui, par leurs activités ou leurs actions, sont de véritables ambassadeurs de Vénissieux.

Ce Grand Rendez-vous a également permis aux élus de faire partager les orientations du mandat municipal, dans de nombreux domaines. À cet égard, Michèle Picard a annoncé que l’équipe qu’elle dirige  planche sur plusieurs gros chantiers mis dès à présent à l’étude.

À notre demande, le maire revient ci-dessous sur ce Grand Rendez-vous, tourné vers « Vénissieux 2030 », et détaille les projets annoncés.

– Vous avez ouvert le Grand Rendez-vous en disant que nous sommes à la croisée des chemins. Quel chemin prend Vénissieux ?

– Notre pays est en pleine tempête. La crise politique, économique, sociale est profonde. Malgré les difficultés, la Ville doit continuer d’avancer. Je parle bien sûr de développement urbain mais pas seulement. Une ville, c’est un tout : du logement, des squares, des gymnases, des écoles, des services publics de qualité. Nous devons actionner tous les leviers en même temps.

– C’est ce que vouliez-vous dire aux Vénissians ?
– Le Grand Rendez-vous a montré la ville dans son ensemble et la cohérence de notre politique. D’ailleurs, je ne nie pas son côté “vitrine” : une vitrine de ce que font les élus, les agents municipaux, pour les Vénissians. Bien sûr, on voit l’action sociale, on voit l’urbanisme, mais certaines choses, on ne les voit plus.
Prenez la politique de l’enfance : Vénissieux a eu le premier service municipal de France, un livre en témoigne, des rencontres ont eu lieu à ce sujet. De ce fait, certains croient que ça roule tout seul, c’est faux ! On travaille au quotidien pour l’améliorer.
Autre exemple, en interne celui-là : la première version de la vidéo sur le développement de la Ville, qui a été projetée pendant le Grand Rendez-vous, ne faisait pas référence à notre programme de réhabilitation des écoles. Quand je m’en suis étonnée, on m’a répondu : “Mais Mme le maire, les écoles… c’est normal.” Eh bien non ! Beaucoup de villes ne mènent pas une réhabilitation par an. Voilà pourquoi il est nécessaire de rappeler ce qui est fait.

– Si vous deviez retenir un moment fort de ce Grand Rendez-vous ?
– Un seul ? C’est trop dur. L’inauguration -avec la présentation du livre “Vénissieux, un autre regard”-, me tenait particulièrement à cœur. Je voulais montrer un autre Vénissieux, plus artistique, renouveler le regard qu’on porte sur la ville.
Autre moment très réussi, la soirée “Vénissieux 2030”. Dessiner la ville, c’est passionnant. Ici on trace des voiries, on parle équipements, là on imagine du tertiaire, une nouvelle école, une accroche commerciale, de l’emploi. Nous avons montré ce travail qu’on mène avec des partenaires tels que le Grand Lyon, les bureaux d’études. Nous avons expliqué que le remaillage de Vénissieux est rendu nécessaire par le fait que le cœur de ville ne s’est pas développé en même temps que les autres quartiers. L’îlot Romain-Rolland devra résoudre cette double question : densifier le centre et le relier aux Minguettes. Rien à voir avec le bétonnage dont nous accusent nos détracteurs.

– Et une déception ?
– J’aurais aimé qu’il vienne plus de Vénissians. Mais la crise, les difficultés, font que mobiliser est de plus en plus difficile. Notre société pousse au repli. Voilà un challenge que nous aurons à relever dans les prochaines concertations. On a des projets urbains : il est souhaitable que les gens viennent dire ce qu’ils en pensent. Ce n’est pas grave de ne pas être d’accord, cela fait évoluer des deux côtés et permet d’avancer sur des propositions innovantes. Ce qui est grave, c’est de ne pas venir. Les partis politiques aussi doivent s’atteler à ces questions.
Cependant, la participation est loin d’avoir été négligeable. Que 120 personnes viennent à la table ronde sur les entreprises, à 8 h 30 du matin, ou à celle sur la pauvreté, c’était fort.

– Vos collègues de la majorité municipale aussi sont venus échanger sur la réforme des collectivités territoriales.
– Voilà encore un moment intense de réflexion. Je souhaitais vraiment ce débat ouvert avec les forces progressistes de Vénissieux. Nous avons partagé un constat : si la réforme était appliquée telle qu’elle a été votée, les communes seraient bâillonnées. Déjà, les transferts de charges augmentent alors que les budgets sont contraints. Or, les associations locales se retournent de plus en plus vers les communes. Comment notre majorité de gauche porte-t-elle ces problématiques avec les habitants ? Comment être innovants ?
Nous n’apportons pas tous les mêmes réponses, mais une majorité se construit aussi dans sa diversité.

– Vous avez annoncé deux chantiers très importants. Parlez-nous de la “Maison de la mémoire”.
– Ce projet fait suite à la donation du fonds du musée de la Résistance et de la Déportation à la Ville. C’est un cadeau merveilleux que la FNDIRP, les résistants nous ont offert. Nous devons faire vivre cet héritage car je n’envisage pas qu’on développe Vénissieux en dehors de son identité ouvrière, populaire, résistante.

– Pensez-vous l’installer dans l’actuel musée communal ?
– Oui, plutôt là. Cela implique une énorme réhabilitation du bâtiment. En aurons-nous les moyens ? Commençons par faire l’inventaire de ce qu’on possède et lançons les études. On décidera après de ce qu’on pourra faire au cours du prochain mandat.

– Autre chantier annoncé, la reconstruction de la cuisine centrale.
– Voilà encore un domaine constitutif de notre histoire. L’ORE, Œuvre des restaurants d’enfants, a été créée après guerre pour donner à manger à tous les enfants. Servir des repas de qualité, notamment aux enfants, reste un enjeu d’aujourd’hui.

– Vous construisez, vous ne rénovez pas ?
– Rénover tout en fabriquant des milliers de repas chaque jour à la cuisine centrale, c’est impossible. On devra faire du neuf. Cela va nous conduire à étudier les besoins dans la ville sur le temps de midi : cantines scolaires, personnel municipal, personnes âgées. Parce qu’on ne savait pas répondre à des contraintes telles que les régimes particuliers, on a externalisé le portage des repas à domicile : on devra envisager de reprendre cette activité. Là encore, nous aurons des choix budgétaires à faire. Mais le travail en amont est phénoménal et les délais incompressibles. Voilà pourquoi il faut penser le projet dès maintenant, dans les détails.

– Pourriez-vous mener de tels projets si la loi sur la réforme des collectivités s’appliquait en l’état ?
– On ne va pas baisser les bras. Les investissements des collectivités représentent 70 % de l’investissement en France. Que se passera-t-il, si elles en sont dépossédées ? On ne refuse pas l’intercommunalité, mais que tout soit géré par une super-agglomération serait aberrant. Qui connaît mieux le terrain que les élus de proximité ? Ce serait une régression totale, qui accentuerait l’abstention. Si les élus devenaient une chambre d’enregistrement, pourquoi aller voter ? La gauche, si elle l’emporte en 2012, devra casser cette réforme.

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