Vénissieux a changé. Beaucoup changé en l’espace de quelques années. L’arrivée du tram, le renouveau de l’immobilier, des équipements publics structurants… Mais ce n’est rien par rapport aux évolutions attendues dans les vingt prochaines années. La table ronde organisée le 28 septembre sur “Vénissieux 2030” a été l’occasion d’esquisser à grands traits ce futur. Hormis le plateau des Minguettes qui va poursuivre sa métamorphose au travers des opérations Vénissy et Armstrong (un nouveau centre commercial, 600 logements, des services et de l’activité), le Vénissieux de demain se bâtira autour de deux grands axes : les boulevards Ambroise-Croizat et Laurent-Bonnevay.
Ambroise-Croizat a vocation à devenir la colonne vertébrale du centre-ville. Un vrai centre-ville, digne de la 3e commune de l’agglomération lyonnaise. Car aujourd’hui, autour de la place Sublet, comme le soulignait en introduction des débats Henri Thivillier, adjoint à l’urbanisme, “c’est plutôt un centre-bourg que nous avons”.
Longtemps, Vénissieux a cru que son développement naturel irait vers le sud : en atteste la position de l’hôtel de ville, tourné vers les terres agricoles. Mais l’arrivée du tram a changé la donne. “La ligne T 4 a créé les conditions d’une nouvelle centralité”, précisait l’adjoint. Une centralité qui s’appuie naturellement sur le boulevard Ambroise-Croizat, de son intersection avec l’avenue Marcel-Houël jusqu’à la Gare de Vénissieux. Et c’est sur ces quelques centaines de mètres, à la croisée des Minguettes, du Charréard, de Max-Barel et de Parilly, qu’émergera le futur cœur de ville. “L’avenue permettra un maillage avec les autres quartiers, indiquait le maire, Michèle Picard. La Gare de Vénissieux aura un rôle primordial. Nous voulons mettre le zoom sur ce pôle d’échanges. On envisage par exemple d’implanter à proximité un établissement scolaire de 3e cycle”. Bruno Dumetier, dont le cabinet d’architecture et d’urbanisme a réalisé l’étude “Cœur de ville”, a également mis en exergue “l’atout majeur que constitue la Gare de Vénissieux, l’un des pôles les plus intéressants de l’agglomération avec la présence du métro, du tram, des TER et des bus”.
“Pas le Puisoz, l’axe Bonnevay”
Autour du boulevard Laurent-Bonnevay, emprunté chaque jour par 130 000 à 160 000 véhicules, la problématique est différente. À l’inverse d’Ambroise-Croizat, cela fait des dizaines d’années que les abords de cet axe, en particulier les terrains du Puisoz, sont promis à un développement à la fois commercial, économique et immobilier. Malgré le fort potentiel du site, plusieurs projets ont capoté. Mais le rachat des 20 hectares en 2009 par l’Immobilière Leroy Merlin a totalement relancé la dynamique. Les représentants de la société étaient présents lors de la table ronde. Tout comme ceux de Carrefour, leurs futurs voisins. En liaison avec les pouvoirs publics, les deux groupes ambitionnent de créer de part et d’autre du boulevard Joliot-Curie, “un quartier commerçant, un véritable morceau de ville”, qui n’aura rien à voir avec l’architecture “type boîte à chaussures entourée d’un vaste parking” qui a longtemps caractérisé la grande distribution. Carrefour va radicalement transformer son hypermarché historique. En face, on trouvera une enseigne Leroy Merlin, probablement un magasin Ikéa – transféré de Porte des Alpes – ainsi que des logements, des bureaux, des commerces, de l’activité…
Partenaires publics et privés travaillent depuis de longs mois sur ce projet phare. Mais on retiendra aussi de cette table ronde que la Ville de Vénissieux et le Grand Lyon ont une approche sensiblement différente. Là où le Grand Lyon se focalise sur le Puisoz, la municipalité prône une vision plus large, plus englobante, sur un périmètre qui irait de KFC jusqu’au métro Parilly. “C’est pourquoi je préfère parler de l’axe Bonnevay que du Puisoz, a insisté Michèle Picard. Il faut avoir une vision cohérente de l’ensemble. On irait à l’échec si on avançait projet par projet.”