Porté par son rêve, Jean-Christophe Lagrange, professeur de physique au collège Paul-Éluard, va donc reprendre le large. Passionné de mer et amateur de sports d’endurance, il se définit comme un “voileux momentanément converti aux choses de la rame”. Il raconte : “Coureur au large sur Zoukati depuis 9 ans, j’ai participé à deux transats en solitaire à l’occasion des “Mini” de 2005 et de 2009 qui reliaient La Rochelle à Salvador de Bahia. Aujourd’hui, j’ai envie d’aller là où ne vont pas les autres, et de vivre intensément une aventure de soleil et de plaisir. Découvrir une autre façon de naviguer au large ; plus près de l’eau, pas très vite, à la seule force musculaire des bras et des jambes pendant plus de 40 jours …”
Cette transat à la rame est un véritable défi, relevé depuis sa création par une élite de 67 navigateurs aventuriers ; mais aussi une façon de faire rêver ceux qui restent à terre durant ces traversées. Ce sera le cas des élèves de 4e du collège Paul-Éluard, qui vont suivre l’épopée de leur prof. D’abord, ils vont aller découvrir le bateau au Grand Large en octobre. Puis avec plusieurs de leurs enseignants, dont Patrice Bouiller, un professeur de technologie qui a participé à la construction du bateau, ils suivront la course sur internet. “Nous serons en lien avec Jean-Christophe par liaison satellitaire, nous recevrons des photos. Ce qui devrait nous permettre d’écrire un journal. Une véritable aventure pour tous. » Et une belle expérience pour les élèves qui travailleront du même coup différentes matières : les maths, l’histoire-géo, la technologie…
L’Atlantique à la vitesse d’un marcheur !
En attendant le jour J, Jean-Christophe Lagrange vient de présenter sa “Quenelle magique”, au club de l’aviron majollan (Meyzieu). Monotype insubmersible et auto-redressable, ce bateau mesure 8 mètres de long et 1,60 m de large. Il pèse 450 kg (à vide)… mais 850 kg le jour du départ. Sa construction raconte une histoire de copains… “L’aventure a commencé en juillet 2010 dans le garage de ma maison ! Avec l’aide d’une équipe de fidèles amis et de membres de ma famille, il nous aura fallu presque 10 mois pour terminer la structure.” Au printemps dernier, les élèves de la filière carrosserie de l’école de formation aux métiers de l’artisanat (EFMA) de Bourgoin prenaient en charge la peinture. L e canot a touché pour la première fois l’eau au Grand Large, le 22 juin, avant des essais en pleine mer en juillet.
D’ici au grand départ, Jean-Christophe va poursuivre sa préparation physique et mentale. “Tout se fait ici à Meyzieu depuis plus de 18 mois, sur l’eau et en salle sous la houlette de Nicolas Finez, entraîneur du club. Je suis également assisté par un préparateur mental. » Le skipper a d’autres passions : il pratique la course à pied, la natation. D’une façon moins “sérieuse”, il s’adonne au parapente, à la plongée sous-marine. Il a également à son actif l’ascension du Mont-Blanc et quelques courses de haute montagne !
Comment vivre pendant plus d’un mois sur ce type de bateau ? “C’est simple, j’ai un espace pour dormir, me nourrir … » Il ramera entre 8 et 10 heures quotidiennement, par séquence de 45 minutes à une heure, de jour comme de nuit. « Je naviguerai à la vitesse de deux nœuds et demi (un peu moins de cinq kilomètres à l’heure). Je traverserai l’Atlantique à la vitesse d’un marcheur ! » Quand il dormira, le bateau est conçu pour dériver… en principe dans la bonne direction.
Fin décembre, après les derniers tests en mer, la « Quenelle magique » prendra la mer pour Dakar dans un container embarqué sur un cargo. Début janvier, le skipper rejoindra son bateau pour les derniers réglages avec dans ses bagages plusieurs livres et un MP3 bien chargé !
Son souhait ? “Jouer une place à l’arrivée dans le groupe de tête. »
Le palmarès de Jean-Christophe
Régatier depuis 25 ans, il a été champion de la ligue Languedoc Roussillon et a participé à de nombreuses épreuves internationales comme le Tour de France à la voile ou le spi Ouest France.
En “ Mini” depuis 2002, a obtenu plusieurs victoires et places d’honneur avec deux Transat 6,50 m, trois Continentales dont Marseille-Alexandrie ou Les Sables-les Açores (abandon) et toutes les régates de la baie d’Aigues-Mortes.
Il a participé à plusieurs Bol d’Or sur le lac Léman.
La Bouvet-Guyane 2012
Une transatlantique à l’aviron reliant le Sénégal à la Guyane et disputée en solitaire, sans escale ni assistance, par vingt-cinq rameurs (dont une femme)
• Prologue octobre 2011, dans un port du littoral atlantique ;
• Départ le dimanche 29 janvier 2012, Dakar ;
• Entre 40 et 60 jours pour couvrir les 2 600 milles nautiques (4 700 km) de la traversée de l’Atlantique ;
• Arrivée et accueil des concurrents à la mi-mars, port de Cayenne.