L’espoir, toujours. Mais l’urgence, surtout. La troisième table ronde, organisée à la préfecture du Rhône en présence des syndicats et des élus que sont Michèle Picard, maire de Vénissieux, et André Gerin, député du Rhône, n’a pas apporté d’avancée concrète au “cas” Veninov. Un peu plus tôt, pourtant, dans les rangs des salariés, la rumeur s’était propagée : le verrou du fond de pension américain Gordon Brothers, devenu propriétaire du site au printemps dernier à la suite d’un prêt octroyé dans des conditions douteuses, allait enfin sauter. Oui, mais non. Il semble que le dossier mettra plus de temps qu’espéré à se débloquer.
Cette réunion a au moins eu le mérite de mettre tout le monde d’accord : “Il y a urgence, maintenant, assurait à la sortie de la table ronde André Gerin. Il faut, dans les meilleurs délais, obtenir la nullité des actes passés depuis novembre 2010, date à laquelle le tribunal de commerce a fixé la cessation de paiement. Gordon Brothers doit sortir de l’équation. Le bras de fer est engagé, c’est la seule manière d’être crédible auprès des investisseurs.” Le tribunal de grande instance de Nanterre s’est saisi de ce dossier. La brigade financière a entamé des investigations. Mais celle-ci pourraient prendre des mois, voire des années. Un délai bien trop long pour ne pas ruiner l’espoir d’une reprise de l’activité. Cependant, une rencontre est prévue dans les prochains jours entre le tribunal de commerce de Nanterre, le mandataire judiciaire et le parquet.
Tout serait en effet bien plus simple s’il n’y avait pas cette question épineuse de la propriété du terrain, dont la valeur a été estimée à 10 millions d’euros. Depuis cet été, quatre projets de reprise ont été déposés auprès du liquidateur. Les deux premiers, aboutissant au démantèlement du site, ont vite été écartés. Deux autres restent en course, émanant des autrichiens de Windhager-Garden et de la société Alven, avec le soutien du fond d’investissement suisse Springwater Capital. Preuve de la viabilité du site, un groupe de la grande distribution s’est déjà engagé à alimenter le carnet de commandes dès l’arrivée d’un repreneur.
Un peu plus tôt dans la journée, une manifestation a réuni quelque 120 participants. Après avoir relié l’usine, située rue Eugène-Maréchal, à la gare de Vénissieux, les Veninov se sont rendus en transports en commun place des Cordeliers. Là, installés en face de la Chambre de commerce et de l’industrie (bâtiment dans lequel siégeait autrefois la bourse de Lyon), ils ont distribué des tracts aux passants. “Nous voulons dire qu’entre l’emploi et la Bourse, il faut choisir, déclarait André Gerin. Veninov est devenue emblématique d’une certaine conception de l’industrie française. Il faut mettre en échec cette politique suicidaire. Cette bataille, c’est une bataille pour aujourd’hui, mais aussi pour demain !”