Même en politique, on peut être petit et avoir un gros appétit. Ainsi, du Parti de gauche (c’est Jean-Luc Mélenchon lui-même, son co-président, qui le qualifie de “petit parti” dans une déclaration solennelle faite dimanche soir). Embarqué avec le Parti communiste et la Gauche unitaire dans le Front de gauche, le PG réclame que le programme partagé que les partenaires négocient en ce moment pour la présidentielle et les législatives de 2012 lui laisse quelque 20% des circonscriptions. Ce qui le ferait croquer dans plusieurs qui ont élu des députés communistes, ou dans lesquelles l’influence du PCF est forte. Exemples dans le Rhône : le PG réclame la circonscription de Givors dont le maire et conseiller général est le communiste Martial Passi et la 14e, dont André Gerin est le député depuis 1993.
“Nous avons le devoir de réserver les circonscriptions de nos sortants… », écrit pourtant le bureau national du PG dans une adresse à ses partenaires, datée du 28 mai. Mais la suite contient une condition sine qua non : « … dès lors qu’ils se revendiqueront clairement de l’étiquette commune du Front de gauche. »
Autrement dit, hors du Front de gauche, point de candidature.
Intimidation ? Provocation ? À la lecture de ce texte rendu public par André Gerin la semaine dernière, le sang de la plupart des militants communistes de Vénissieux n’a fait qu’un tour. Car à l’instar du député, qui a choisi de « faire vivre et renforcer le PCF », ils sont majoritairement opposés à la stratégie du FdG qu’ils jugent “mortifère”.
Secrétaire de la section communiste, Serge Truscello a aussitôt demandé aux directions départementale et nationale de se positionner clairement : “Nous devons savoir quelles sont les négociations en cours pour les législatives dans le Rhône.”
Quant à André Gerin, cette menace l’agace plus qu’elle ne l’inquiète : “En réclamant la 14e circonscription, Mélenchon préfère faire la chasse au député communiste que je suis et laisser l’UMP, la droite et l’extrême droite dormir tranquilles dans le département.” Mais pas question de céder au chantage. Ainsi, alors qu’il s’était porté candidat pour représenter le PCF à l’élection présidentielle, il vient de retirer sa candidature “afin de permettre que les communistes se rassemblent en votant massivement pour André Chassaigne”.
Du 16 au 18 juin, les adhérents du PCF vont en effet voter pour désigner leur candidat. Ils auront le choix entre trois noms : Jean-Luc Mélenchon, André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme favorable au Front de gauche, et Emmanuel Dang-Tran, responsable d’une section du PCF à Paris et opposant au FdG. “La partie n’est pas jouée”, assure André Gerin.
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