Les éditions La passe du vent viennent de publier un livre consacré à la politique éducative à Vénissieux, “L’invention du possible” et complété par un DVD de photos et vidéos. Imaginé par Nicolas Serediuk, qui fut le premier directeur du service de l’enfance, ce livre est le fruit d’un travail collectif avec le soutien de la Ville. Il rappelle que Vénissieux fut la première ville à se doter d’un tel service municipal, en 1966. Au-delà des souvenirs, il porte une réflexion sur l’éducation populaire contemporaine.
Pour tous ceux qui s’intéressent à l’éducation populaire à Vénissieux, un livre incontournable vient de paraître : “L’invention du possible.” À l’origine de ce livre, un coup de téléphone passé par Nicolas Serediuk. L’ancien directeur de l’Apasev (Association pour la promotion des activités socio-éducatives de Vénissieux) appelle son successeur, Serge Lombardi, pour lui proposer de “laisser quelques traces de l’aventure commencée au cœur des années 1960”. Car le service municipal de l’enfance, créé en 1966 à Vénissieux, fut le premier de ce genre en France ! “Le projet m’a séduit, raconte Serge Lombardi. Nous avons constitué un comité de pilotage, composé d’anciens animateurs et de cadres, dont Daniel Moulin (des Francas), Marie -Claude Perrichet, Pascal Giraudon, Chantal Mathieux… Il a fallu prendre des décisions, sélectionner le genre de livre que nous voulions, puis soumettre le projet à l’équipe municipale, qui l’a accepté. Nous avons ensuite rencontré Thierry Renard, de l’Espace Pandora, qui a accepté d’éditer l’ouvrage et nous a présentés à Michel Kneubühler, lequel a réalisé le travail d’écriture.”
Préfacé par le maire de Vénissieux, Michèle Picard, et le président de la Région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, “L’invention du possible” remplit deux missions : retracer l’histoire de l’éducation populaire à Vénissieux et constituer un outil de réflexion.
L’histoire en marche
Tout pionnier qu’il était -et justement parce qu’il était un pionnier-, Nicolas Serediuk ne dispose pas, en 1966, de conditions optimales pour travailler. Faute de statut d’agent territorial dans les métiers de l’animation, la définition du poste qu’il occupe à la mairie de Vénissieux est celle d’ouvrier d’entretien de la fonction publique. Il ne dispose que d’un bureau de petite taille, d’un téléphone et de quelques heures de dactylographie. “Je n’ai pas souvenir d’avoir pris un seul jour de congé”, affirme le premier directeur du service municipal de l’enfance. Il faut dire que la charge de travail devient de plus en plus importante : en 1967, la ville compte 12 000 enfants ; en 1972, ce nombre passe à 16 000 !
Les 36 directeurs d’école se trouvent débordés. Au fur et à mesure des années, le service et les activités proposées s’étoffent : formation de moniteurs, recrutement d’animateurs, d’agents territoriaux, création aux Minguettes d’une bibliothèque, programmation des premières activités au centre de vacances d’Eyzin-Pinet, en Isère, organisation de courses de caisses à savon…
La toute première Maison de l’enfance voit le jour en 1981. C’est Gérard Martin, aujourd’hui directeur du cinéma Gérard-Philipe, qui en est responsable. À cette époque, “la baisse démographique enregistrée à Vénissieux permet d’affecter des locaux scolaires à d’autres fonctions, témoigne-t-il. Les activités avaient lieu dans les préfabriqués d’une maternelle désaffectée. L’imagination est au pouvoir et des moyens importants sont accordés : cinq francs par enfant et par jour !” La première Maison de l’enfance comptera jusqu’à 87 animateurs. Des antennes sont créées, à la Darnaise ou dans le quartier Armstrong, avec des équipes dédiées. Les liens avec les écoles primaires se tissent, “non sans quelques crispations parfois du côté du corps enseignant, quand les animateurs prétendent intervenir aussi sur pendant le temps scolaire”.
Au cours des années, le projet éducatif se dessine, s’affine et se pérennise. Pour en arriver aux équipements actuels : onze Maisons de l’enfance, trois centres extérieurs pour les vacances et centres aérés, onze équipements d’accueil pour les jeunes enfants.
“Pas de nostalgie”
“L’invention du possible” ne saurait cependant se résumer à un livre historique. “Nous ne voulions pas tomber dans la nostalgie, assure Serge Lombardi. Au fur et à mesure de notre travail, nous avons choisi d’ancrer ce livre et ses réflexions dans l’actualité, de prendre un peu de hauteur par rapport au sujet. C’est pour ces raisons que nous avons contacté Francis Lebon, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Paris-Est Créteil.” Le sociologue signe donc la postface du livre, dans laquelle il écrit : “En multipliant les échelles d’observation, “L’invention du possible” met au jour de nombreuses questions d’actualité pour l’animation et “l’intervention sociale”. En effet, sont évoqués l’affaiblissement des contenus politiques, les débats sur la professionnalisation (…), l’investissement des associations et de l’État, sans parler des “problèmes” que soulève l’arrivée de “nouveaux” publics (…). Ce livre devrait donc intéresser un très large public !”
C’est bien tout le mal qu’on lui souhaite. Mais au fait, pourquoi ce titre, “L’invention du possible” ? La réponse se trouve sans doute dans la phrase de Mark Twain, cité par Nicolas Serediuk : “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.”
Le livre “L’invention du possible” est en vente à l’Espace Pandora (12 euros). Se renseigner au 7, place de la Paix à Vénissieux, ou au 04 72 50 14 78. Il est accompagné d’un DVD contenant 800 photos et plus d’une heure de vidéos.
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