Comme la plupart des 200 hypermarchés de l’enseigne en France, Carrefour Vénissieux était en grève samedi 9 avril. 250 employés avaient cessé le travail, soit environ la moitié du personnel. Dans d’autres magasins en France, le taux de grévistes a atteint 70 %, voire 80 %. Une mobilisation exceptionnelle dans l’histoire syndicale du géant de la distribution. À l’appel de trois syndicats (CGT, CFDT, FO), les salariés attendent de la direction qu’elle revoie à la hausse ses propositions salariales dans le cadre de la NAO (Négociation annuelle obligatoire). Les organisations du personnel jugent nettement insuffisante l’augmentation proposée de 1 % en mars et 1 % en octobre, assortie d’une remise sur les achats dans les magasins de l’enseigne. D’autant plus insuffisante que dans le même temps les actionnaires du groupe vont se partager six milliards d’euros.
Pour tenter de désamorcer la mobilisation, la direction de Carrefour a fait savoir dans un communiqué de presse, la veille de la journée d’action, qu’elle était prête à rouvrir les négociations dès le 13 avril. Elle rappelle dans ce texte qu’elle a « proposé à ses salariés des mesures permettant d’améliorer leur pouvoir d’achat de 3,2 % en moyenne ». Un chiffre que conteste vigoureusement Sacha Tarassioux, délégué CGT. « L’augmentation n’est que de 1,08 % brut. Pour atteindre 3,2 %, il faut inclure la remise sur les achats dans le magasin. D’après nos calculs, chaque salarié devrait dépenser 500 euros par mois pour bénéficier de rabais qui lui permettraient au final de s’approcher de ces 3,2 % ! »
Au-delà de la démarche très contestable qui consiste à lier une part de l’augmentation à des achats effectués obligatoirement dans les magasins de la chaîne, ce système de remise paraît totalement inadapté. En effet, le niveau des salaires est souvent trop bas – le groupe a récemment été condamné pour pratiquer des rémunérations inférieures au SMIC – pour s’offrir le « luxe » de courses chez Carrefour. De nombreux salariés n’ont d’autre choix que de fréquenter des hard-discount.
Les grévistes vénissians ont reçu la visite, samedi matin, du maire de Vénissieux, Michèle Picard, accompagnée de son adjointe, Evelyne Ebersviller. « Jeudi, j’étais au tribunal administratif pour défendre mes arrêtés d’interdiction des expulsions locatives, rappelait-elle. Aujourd’hui, je suis avec les salariés de Carrefour pour défendre l’exigence de salaires dignes. Le droit au logement, le droit à un niveau de vie décent, ces combats se rejoignent. C’est un devoir pour moi de les mener. »