Ce matin, alors que les personnels AFPA de toute la France étaient appelés à une grève nationale par l’intersyndicale*, la pétition mise en ligne sur internet (mesopinions.com) pour la défense de l’organisme national de formation avait réuni plus de 2 400 signatures. “On enregistre 200 nouveaux soutiens par jour”, se félicitait Mylène Charre, déléguée régionale CGT, au milieu de la centaine de grévistes réunis à l’entrée du centre de Vénissieux. “C’est la preuve d’un attachement de la population aux missions de l’AFPA, dans le cadre du service public de l’emploi.” Tout le problème vient précisément du fait que l’AFPA s’éloigne de plus en plus de ce service public de l’emploi. Depuis la loi de décentralisation de 2004, l’organisme n’est plus directement subventionné par l’État. Il est désormais soumis à la loi des appels d’offres. Les effectifs fondent d’année en année. Et l’AFPA ne parvient plus à assurer les services d’accompagnement (hébergement, suivi médical, restauration…) qui en faisaient un organisme de formation unique dans le paysage national.
À ces difficultés sont venues s’ajouter des dettes extrêmement lourdes qui obèrent l’avenir. Lâchée par l’État, la direction de l’AFPA a en effet dû emprunter auprès des banques (180 millions d’euros en 2010). Or ces banques ne veulent plus suivre, sauf à obtenir des garanties sur le patrimoine immobilier. Mais ce patrimoine appartient toujours à l’État. Et le Conseil constitutionnel a jugé le 17 décembre dernier que son transfert vers l’AFPA n’était pas possible.
C’est dire si les salariés ont des motifs de s’inquiéter. Ce matin, à Vénissieux, où ils sont près de 200 à travailler, ils ont reçu le soutien du maire, Michèle Picard, accompagnée des conseillers généraux communistes Marie-Christine Burricand et Christian Falconnet. “L’AFPA n’a plus à démontrer son utilité, déclarait le maire. Elle remplit des missions de service public pour des populations souvent éloignées de l’emploi, leur permettant de se réinsérer dans la vie active. Nous, élus locaux, sommes là pour rappeler à l’État ses obligations.”
Quelques semaines plus tôt, Michèle Picard s’était déjà adressée au préfet de la région Rhône-Alpes et du Rhône, Jean-François Carenco, lui demandant de “tout mettre en œuvre pour assurer la pérennité d’un service public de formation à la hauteur des attentes de nos populations ». Le maire de Vénissieux précisait : “À l’heure où le nombre de demandeurs d’emploi ne cesse de s’accroître, et les besoins en formation explosent, il n’est pas normal que l’État se désengage financièrement. »
Pour les syndicats, il est clair que “ce désengagement provoque peu à peu la faillite de l’AFPA, en supprimant des moyens financiers et des effectifs et en réduisant l’éventail des formations proposées ». Ils considèrent, dans ces conditions, que “l’égalité d’accès à la formation professionnelle pour les plus défavorisés n’est plus respectée”.
* L’intersyndicale AFPA est composée de la CGT, la CFDT, FO, CFE-CGC, SUD, et la CFTC.
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