La colère est grande dans différents établissements de maternelle et primaire de Vénissieux, où plusieurs enseignants n’ont pas été remplacés. Au groupe scolaire du Centre, à Paul-Langevin, à Georges-Lévy et à Jean-Moulin, les parents font entendre leur voix. Lundi soir, une manifestation a été improvisée devant le bureau de l’inspectrice de l’Éducation nationale du secteur nord. Ce mardi matin, une autre délégation de parents, conduite par l’adjoint aux affaires scolaires, Christian Falconnet, a été reçue par l’inspecteur du secteur sud. La grève nationale de ce jeudi 10 février contre les suppressions de postes s’annonce très suivie dans la ville.
À l’école du Centre, une enseignante de CM1, absente depuis trois semaines, n’est toujours pas remplacée. Certaines familles gardent leurs enfants à la maison, les autres élèves sont répartis dans les classes. “Une situation inadmissible”, pour cette maman. C’est pourquoi le 1er février, les enseignants sont restés dans la cour plus longtemps que d’habitude et les parents ont fait signer une pétition. “Nous en avons ras-le-bol que l’Éducation nationale ne fasse pas son travail. Elle doit donner à nos enfants une éducation de qualité. » Ces parents ont rejoint ceux du groupe scolaire Paul-Langevin, dont la mobilisation entamée depuis plusieurs jours ne faiblit pas. “En CM1 et CM2, deux institutrices sont absentes : elles sont remplacées mais à temps partiel. Nous vivons dans des quartiers difficiles. Et l’Éducation nationale nous abandonne. Si la situation perdure, nous allons faire une classe sauvage”, préviennent des mamans.
Un peu plus loin, à Jean-Moulin, les parents de maternelle ont prévu d’organiser une manifestation devant l’école lundi prochain, à partir de 8 h 45. En effet, l’enseignante de grande section de maternelle est en congé de maternité, un départ annoncé depuis septembre. « L’inspection académique nationale aurait pu prévoir son remplacement, elle a eu cinq mois pour le faire !”, s’énerve ce papa. Du côté de Georges-Lévy, la mobilisation s’intensifie. Lundi soir, des parents se sont rendus à l’improviste devant le bureau de l’inspectrice de l’Éducation nationale (IEN) de Vénissieux sud. “Nos enfants de CE2 doivent faire face à de nombreux manquements. Pendant le premier trimestre, leur institutrice a manqué à plusieurs reprises et ils ont vu se succéder plusieurs remplaçants. Depuis le 31 janvier, les enfants sont de nouveau sans prof. Et le poste risque bien d’être vacant jusqu’aux prochaines vacances.”
À Vénissieux, précise Christian Falconnet, adjoint délégué à l’éducation, aux loisirs et à la jeunesse, « dix enseignants tant en maternelle qu’en élémentaire n’auraient pas été remplacés la semaine du 17 au 21 janvier. » Ce mardi matin, l’élu a été reçu par M. Garcia, l’IEN de Vénissieux sud, accompagné d’une délégation de parents d’élèves. « L’inspecteur comprend très bien le problème mais il nous a dit qu’il n’avait pas de moyens supplémentaires.”
Cette carence apporte de l’eau au moulin des syndicats (SNUipp et la FSU), qui ont appelé à la grève nationale ce jeudi 10 février pour dénoncer les 16 000 nouvelles suppressions de postes de la rentrée 2011. Une manifestation aura lieu à Lyon à 10 h 30, au départ de la place des Terreaux. À Vénissieux, on sait déjà que plusieurs écoles seront fortement mobilisées, notamment Pasteur, Henri-Wallon, Jean-Moulin et Saint-Exupéry. “Cette grève s’annonce forte, anticipe Bernard Curtet, du SNUipp. Le problème dramatique des remplacements y est pour quelque chose puisqu’il illustre les résultats d’une politique éducative, rejetée, combattue… mais non battue pour l’instant.”