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Éducation nationale : à grands coups de ciseaux

Le ministère veut encore supprimer 16 000 postes à la rentrée dans les établissements scolaires, tous niveaux confondus, alors que les effectifs d’élèves seront en hausse sensible. Ainsi, l’académie de Lyon doit rendre 282 postes. Le Snuipp et la FSU ont lancé un appel national à la grève pour le 10 février.

Alors que le budget 2011 de l’Education nationale entérine la suppression de 16 000 nouveaux postes en septembre, les principales fédérations enseignantes (FSU, SNUipp, CGT Educ’action, Sgen-CFDT….) et les associations de parents d’élèves sont en colère. Tous les niveaux, du primaire au secondaire, seront touchés d’autant plus durement que 50 000 postes d’enseignants ont déjà disparu entre 2007 et 2010, en vertu du choix gouvernemental de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. À la rentrée prochaine, selon les chiffres du ministère, 8 967 postes d’enseignants seront supprimés dans les écoles primaires publiques, 4 800 dans les collèges et lycées publics et 1 400 dans l’enseignement privé. Les prévisions montrent à l’inverse une augmentation des effectifs, en particulier dans les collèges.
Ces coupes vont “toucher le noyau dur” du système éducatif, affirment les syndicats. Ainsi, 220 emplois doivent disparaître dans les collèges et lycées de l’académie de Lyon, et 62 dans les écoles alors que 2024 collégiens et lycéens supplémentaires sont attendus et 1701 écoliers. Une équation impossible à résoudre, notamment en primaire. “Avec un seuil en vigueur de 28,75 élèves par classe, on devrait avoir la création de 59 classes. Non seulement ce ne sera pas le cas mais au contraire, on va assister à des fermetures un peu partout. Et les quartiers populaires ne seront certainement pas épargnés”, précise Anne Bottéon, du SNUipp.
”Les contrats aidés ne sont pas renouvelés non plus, intervient Olivier Champoussin, professeur au lycée professionnel Marc-Seguin, à Vénissieux. Nous allons perdre 6 des 15 postes à la vie scolaire”, dénonce ce responsable de la CGT Educ’action, qui vient de tenir son congrès départemental à la cité scolaire Sembat-Seguin. À n’en pas douter, la carte scolaire 2011-2012 sera un terrain d’affrontement important : “Il faut s’y préparer et avancer”, insiste Bernard Curtet (Snuipp).

La carte scolaire : après les cantonales

Ce n’est pas pour rien que les annonces d’ouvertures et de fermetures de classes dans les écoles seront faites après les élections cantonales. Le ministère assure qu’il s’agit de respecter une période de réserve. Mais Anne Bottéon voit une “manœuvre politique” dans ce report à début avril de prévisions habituellement annoncées en février : “À  la veille d’une élection, ce n’est pas bon de voir enseignants et parents d’élèves se mobiliser.” Des manifestations ont déjà eu lieu : le 22 janvier, des cortèges ont été organisés dans de nombreuses villes. À Lyon, un bon millier de personnes (600 selon la police) ont protesté contre ces nouvelles suppressions de postes. Et le jeudi 10 février, le SNUipp et la FSU appellent à une journée de grève et de manifestations partout en France pour l’avenir de l’école sur le thème “Redonnons des couleurs à l’école”.

“Les défis à relever pour le système éducatif sont considérables, insistent les syndicalistes : faire face à l’échec scolaire persistant, en finir avec les sorties sans qualification du système éducatif, assurer la réussite de tous à tous les niveaux. Mais le gouvernement doit cesser de faire croire qu’il est possible de faire mieux avec moins. Nul n’ignore que sa politique éducative est conduite par celle de la réduction des dépenses publiques pour diminuer les déficits publics. L’ampleur des suppressions de postes dans l‘éducation ne permettra pas de relever ces défis et d’assurer enfin la réussite de tous les élèves. C’est une autre politique, d’autres moyens, une autre dynamique à tous les niveaux du système éducatif qu’il faut mettre en œuvre.”

Guy Fischer, vice-président du Sénat, s’indigne aussi que l’Etat envisage de faire des économies sur le dos des élèves, de leurs familles et des personnels de l’Education nationale : “La qualité du service public d’éducation et sa capacité à amener tous les élèves à la réussite sont sérieusement remises en cause par la politique désastreuse du gouvernement”, indique le sénateur du Rhône.

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