Quoi de mieux qu’une mise en bouche musicale pour marquer un événement ? Ce 22 janvier, à la Maison des associations Boris-Vian, c’était le Bus Rouge, un des groupes du collectif Fédézik (basé sur place), qui s’en chargeait. Le public était venu en force, non seulement pour écouter les airs du Massif Central et du Languedoc dont la formation est spécialiste, mais surtout pour rendre un hommage appuyé à Madeleine Lambert et à son œuvre, “L’homme qui marche”. L’équipe municipale était représentée par le maire Michèle Picard, sa première adjointe déléguée à la Culture Yolande Peytavin et par de nombreux élus. On croisait également le sénateur Guy Fischer, le député André Gerin, les conseillers généraux Marie-Christine Burricand et Christian Falconnet, l’ancien conseiller régional Yvon Deschamps, le directeur du service culturel Emmanuel Coustère, le directeur de l’Espace arts plastiques Jean-Charles Monot, le poète Pierre Giouse, compagnon de Mado, et nombre de ses amis. “L’homme qui marche”, précisait Yolande Peytavin, s’inscrit dans le cadre du 1% artistique, qui impose d’allouer à une œuvre d’art 1% du budget des travaux d’un bâtiment. “Toutes les collectivités locales ne le font pas. Mais Vénissieux s’est toujours attachée à respecter cette règle. La Ville continue à investir et à croire en une culture accessible à tous.” La première adjointe a ensuite salué Mado Lambert, “têtue -dans le bon sens du terme-, qui a toujours poussé les élus vénissians à développer le secteur des arts plastiques”.
Michèle Picard s’attachait à son tour à dépeindre une “artiste engagée, une militante de la culture” pour qui la peinture représente “un espace de liberté”. Le maire renvoie à des souvenirs : 1968, date d’embauche de Mado Lambert au centre culturel communal, l’ancêtre de la Maison des associations, 1972 et le principe de commande publique qu’elle instaure avec l’équipe municipale d’alors, les années 1970 qui virent la création des ateliers d’arts plastiques, baptisés Henri-Matisse en 1990. “C’est un lieu que j’ai beaucoup fréquenté et particulièrement apprécié”, a souligné Michèle Picard, concluant son discours par une pensée pour Roger Pestourie, récemment disparu, un grand résistant “passionné d’art”.
À son tour , Mado Lambert a rappelé comment le centre culturel communal l’avait fait venir à Vénissieux en mai 1968. “Je remercie la municipalité qui m’a invitée à faire ce travail car, jusqu’à présent, il n’y avait aucune trace artistique personnelle de moi dans la ville. Je suis contente que ce soit ici, dans cette maison. J’ai dédié “L’homme qui marche” à quatre personnes qui ont démarré le centre culturel communal, toutes disparues : Estève, qui était membre du CA du centre culturel et du CE de Berliet ; Pierre Driant, du CE de Rhône-Poulenc et conseiller municipal, Nicole Vermay, première directrice du centre social Roger-Vailland, et Liliane Martinez, directrice de l’école maternelle Antoine-Billon qui n’existe plus.”
Le Proust de Madeleine
“L’homme qui marche” est dédié à une cinquième personne, Marcel Proust, et illustré par des extraits de “La recherche du temps perdu”. L’artiste avait déjà consacré une exposition à l’Albertine de l’écrivain. “Proust, explique Madeleine Lambert, est considéré comme un dandy de la classe bourgeoise de l’époque. C’est comme si l’on reprochait à Molière d’avoir travaillé à la cour de Louis XIV. Proust est l’un des écrivains majeurs du XXe siècle, mort à seulement 51 ans. Il n’a pas beaucoup marché dans sa vie, sinon dans l’imaginaire. Ses descriptions de paysages sont surréalistes, cosmiques, dignes d’un ethnologue. C’est de cette façon qu’il a décrit la société bourgeoise dans laquelle il a vécu.”
Du côté de la Maison des associations Boris-Vian, les sourires sont sur toutes les lèvres. Sakina Hamdi, la présidente du lieu, avoue : “Nous sommes tous fiers d’avoir dans nos murs cette belle œuvre.” Un avis renchéri par l’impression qu’on rendait à César (et surtout à Mado) ce qui aurait dû lui revenir depuis longtemps : la considération. Un peu comme si tout le monde était parti à la recherche du temps perdu.
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