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Les emplois aidés sur la sellette

À la Maison des associations Boris-Vian, si Gueules d’Amour Productions a pu sauver ses contrats aidés, le GFEN en a perdu un. Et, dans l’Éducation nationale, des EVS (Emplois vie scolaire) administratifs sont à nouveau depuis peu en recrutement, alors qu’ils étaient gelés depuis le mois d’octobre. Où l’on ne sait plus sur quel pied danser.

Si la politique était affaire de chansons, alors ces derniers mois auraient pu se jouer sur l’air de “La valse à mille temps” de Jacques Brel. Ou des “Temps difficiles” de Léo Ferré. Le premier temps de la valse a rythmé la création des emplois aidés : CAE (contrats d’accompagnement dans l’emploi) et CUI (contrats uniques d’insertion), créés pour faire chuter les chiffres du chômage et qui ne peuvent être prolongés au-delà de 24 mois. On les retrouve essentiellement dans le secteur associatif et dans l’Éducation nationale. “Auparavant, explique Isabelle Monnery, chargée de la vie associative à la Maison des associations Boris-Vian, les associations utilisaient beaucoup les CES, contrats emploi solidarité. Mais il leur restait une part patronnale importante à payer et les petites associations ne pouvaient pas postuler.”
Voici qu’arrive le deuxième temps de la valse (la transformation en CUI/CAE), suivi rapidement d’un troisième : le gel qui s’installe, en octobre dernier, sur les emplois aidés. “En fin d’année 2010, reprend Isabelle Monnery, l’État décide de ne pas renouveler ces contrats, faute de budget.” “Nous avons eu un souci manifeste en décembre, déclare Fabienne Loreau, enseignante à l’école maternelle du Centre et secrétaire départementale SNUipp. Il semblerait que des solutions aient été trouvées.” Comme le monde associatif, l’Éducation nationale a été, depuis le mois d’octobre, suspendue aux décisions parfois contradictoires. Alors que tout le monde pensait que les contrats aidés allaient être supprimés, Fabienne Loreau apprend, le 6 janvier dernier, que l’Inspection académique autorise le recrutement des EVS (Emplois vie scolaire) pour des postes administratifs. “Les EVS administratifs reviennent, mais il reste un petit doute quand même.”
D’autres EVS, qui accompagnent les enfants handicapés ou ayant des troubles du comportement, “ont été touchés de plein fouet”. Les mots sont de Nathalie Farget, enseignante à Jean-Moulin et syndiquée à Sud. “Les enfants avaient besoin de ces EVS, ils ne les ont plus.” Comme l’explique Fabienne Loreau, ces emplois ont reçu un feu vert tardif, les recrutements ayant été autorisés dans la dernière semaine de décembre. Il y a donc eu une interruption et certains élèves sont restés sans accompagnement jusqu’au 15 janvier.

Asphyxie progressive de certaines associations
Installées à la Maison des associations, les Gueules d’Amour Productions bénéficiaient de deux contrats aidés, depuis octobre et novembre 2009. “L’un a été normalement renouvelé fin septembre, commente Joanne Rocca, avec 24 heures financées par l’État à 90 %. Mais en octobre, le préfet du Rhône a gelé l’enveloppe et le mien n’a pu être renouvelé. Les critères étaient plus serrés et je n’y correspondais pas. Heureusement, j’avais lancé plusieurs projets avec des financements Ville et Région, et le bilan de l’année était bon.” Finalement, Joanne parviendra à conserver son emploi avec l’aide du Pôle Emploi et de la Maison des associations. “Le 26 novembre, j’ai su que mon contrat était maintenu, passant à 20 heures financées à 75 % pour six mois. L’association a besoin de se renforcer mais elle ne peut désormais plus embaucher personne avec ce type de contrat. Nous recherchons une solution, aller vers l’intermittence ou mutualiser les emplois administratifs avec une autre association. Les contrats aidés sont précaires et le monde associatif connaît un vrai problème de salariat. Le statut d’intermittent du spectacle est de plus en plus difficile à obtenir et c’est un coût élevé pour une petite structure.”
Lui aussi basé à Boris-Vian, le GFEN a eu moins de chance. “Nous avions un contrat aidé pour un senior, obtenu l’an dernier et tacitement renouvelable, explique Gérard Médioni. Quinze jours avant la fin du contrat, nous avons appris que, faute de moyens, il ne pouvait être prorogé. On a dû licencier pratiquement du jour au lendemain. D’après le Pôle Emploi, de nouvelles consignes vont bientôt arriver. Peut-être pourront-ils relancer la dynamique sur six ou neuf mois… Nous sommes asphyxiés. L’État nous met en banqueroute avec la suppression de presque toutes nos subventions. Nous sommes obligés de bouffer nos réserves financières pour continuer à payer des postes sans avoir les subventions compensatoires. Les temps sont difficiles dans le monde associatif !”

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