Les Restaurants du Cœur ont lancé leur 26e campagne hivernale. Leurs buts restent les mêmes depuis 1985, année de création de l’association fondée par Coluche : aider les plus démunis en leur distribuant des repas mais aussi en leur donnant des outils pour reconquérir de l’autonomie. Les Restos proposent ainsi souvent accompagnement scolaire, aide aux mamans, aide juridique… Mardi 30 novembre, c’était le premier jour de distribution au resto de Vénissieux, le plus important du Rhône. L’affluence est grande et pour tous les bénéficiaires, le constat est le même : « On ne peut plus faire face… »« Pendant la campagne 2009-2010, nous avons suivi plus de mille familles correspondant à 3111 personnes, dont 180 bébés, précise Daniel Vigny, le responsable de la structure à Vénissieux. Cela représente une augmentation de 13% par rapport à 2008. Nous avons servi 256 000 repas. Il y a dix ans nous recevions “seulement” 400 familles”. Et cet hiver s’annonce aussi dramatique que le précédent : “Nous comptons déjà 500 bénéficiaires. Et les inscriptions continuent. Nous devrions rapidement atteindre le record de l’an dernier. » A l’occasion du lancement de la campagne, Daniel Vigny et les bénévoles recevaient dans les locaux de Vénissieux Pierre Garel, président départemental de l’association. De nombreux élus étaient là pour témoigner de leur soutien à l’action des bénévoles : le maire Michèle Picard, le député André Gerin, le sénateur Guy Fischer, les conseillers généraux Marie-Christine Burricand et Christian Falconnet, et bien d’autres.
500 familles en extrême fragilité
Michèle Picard citait des chiffres lourds d’angoisse : “A Vénissieux, comme dans les autres villes populaires, la situation est dans le rouge : entre 2008 et 2009, le taux de chômage a augmenté de 23% ; il touche maintenant 20% de la population active. 27% de la population vénissiane vit au-dessous du seuil de pauvreté et on estime entre 400 et 500 le nombre de familles en extrême fragilité. 250 d’entre elles sont assignées devant le tribunal pour dettes de loyer. Les secours octroyés par le CCAS ont augmenté de 20% en un an tandis que le Secours populaire distribuait 17% d’aides supplémentaires. Il n’y a plus de temps à perdre. Il faut agir autrement, et dans cette lutte pour une vie digne, nous avons besoin de l’union et de la mobilisation de tous les acteurs, du politique à l’associatif.” Le maire exprimait par ailleurs sa reconnaissance aux bénévoles, dont le dévouement est extraordinaire, ainsi qu’à toutes ces personnes qui continuent de donner aux associations caritatives alors que leur pouvoir d’achat est aussi étranglé.
Cette rencontre était encore l’occasion pour Daniel Vigny d’insister sur les difficultés nées de l’exiguïté des locaux, à Vénissieux comme dans de multiples villes de France. “Nous manquons cruellement de place. Depuis trois ans, nous étions en pourparlers avec nos voisins pour agrandir le resto. La transaction ne s’est malheureusement pas faite. Aujourd’hui, nous n’accueillons plus les bénéficiaires dans de bonnes conditions.” L’objectif serait d’ouvrir un deuxième centre, dans des locaux publics ou privés.
Malgré les difficultés, les 55 bénévoles du Resto de Vénissieux sont à pied d’œuvre chaque mardi et chaque jeudi et distribuent quelque trente tonnes de denrées alimentaires. Autant dire que tous les bonnes volontés sont les bienvenues, avenue de la République.
Restaurant du cœur de Vénissieux : 11, avenue de la République. Tél. 04 78 67 56 00.