Culture

“Potiche” au cinéma Gérard-Philipe : quand Ozon donne un coup de jeune au théâtre de boulevard

Voir Deneuve en jogging et bigoudis est un régal

Au départ de “Potiche”, existe cette comédie de boulevard signée Barillet et Grédy en 1980, écrite sur mesure pour Jacqueline Maillan.
“Je connaissais cette pièce depuis longtemps, avant même de tourner “Huit femmes”, a expliqué le cinéaste François Ozon lors de son passage à Lyon avec Catherine Deneuve. Ce qui a déclenché l’envie d’en faire un film a été la campagne présidentielle Royal-Sarkozy. Beaucoup de machisme se réveillait et on assistait à la résurgence d’une misogynie, même de la part des femmes. J’ai relu la pièce à l’aune de tout cela.”Parce que son mari, p.-d.g. d’une usine de parapluies, a été séquestré par ses ouvriers (nous sommes en 1977) et qu’il en ressort très fatigué, une ménagère va quitter son rôle de potiche pour reprendre la tête de l’usine puis s’imposer politiquement dans le secteur. Grâce à ses acteurs formidables (Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, Karin Viard, Judith Godrèche et Jérémie Rénier), Ozon réussit à transformer l’image ringarde de son matériau d’origine en une comédie enjouée et moderne, comme il l’avait déjà fait avec “8 femmes” et son adaptation brillante d’une pièce poussiéreuse de Robert Thomas.
Pourtant, il suffit d’aller sur le site de l’Ina et de regarder les premières minutes de “Potiche”, la version théâtrale mise en scène par Pierre Mondy et interprétée par Jacqueline Maillan et Jacques Jouanneau, pour se rendre compte qu’Ozon a apporté peu de changements à la mise en scène et au texte. Sa force réside plus dans le choix de ses interprètes. Voir débarquer sur le plateau de théâtre Jacqueline Maillan en jogging rouge amuse. Mais voir Catherine Deneuve, dans ce même jogging rouge et des bigoudis sur la tête, faire ses exercices au début du film est davantage surprenant. Ozon revisite avec un plaisir communicatif ce passé récent : il avait 9 ans en 1977 et, raconte-t-il, il se souvient davantage des costumes, des coiffures, du mobilier, plus en tout cas que du contexte politique.
Malgré quelques phrases qui résonnent aujourd’hui (“Casse-toi pauvre con !”, “Travailler plus pour gagner plus”) et la présence d’un député-maire communiste puis d’une campagne électorale, “Potiche” n’est pas à proprement parler un film politique. Ozon préfère s’intéresser aux évolutions de ses personnages et les enrichir par quelques touches personnelles.
Catherine Deneuve conclut : “J’aime beaucoup “8 femmes”, qui est un film épatant. Quand François m’a appelée pour ce nouveau projet, j’étais ravie. La situation présentée dans ce film était très jubilatoire. Beaucoup de choses ont changé depuis 1977. Les hommes bénéficient de congés paternité mais toujours aussi peu de femmes accèdent à des postes importants dans la société française et les salaires restent inégaux.”

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