Selon l’union départementale CGT, plus de 45 000 personnes ont manifesté ce matin à Lyon contre la réforme des retraites. Mais dans le cortège, beaucoup estimaient que le défilé était encore plus dense que mardi dernier. Une chose est sûre : la mobilisation ne faiblit pas.
Alors que la tête de manifestation s’élançait de Sans Souci, aux alentours de 11 heures, le cours Gambetta était occupé jusqu’à la place du Pont par des flots de manifestants qui s’entrecroisaient. Des cégétistes tentaient de dissuader les jeunes d’aller en direction de la Presqu’île où des affrontements ont éclaté dès la fin de matinée.
La rue de la République a été le théâtre de scènes de dégradations (poubelles brûlées, vitrines cassées…), voire de pillages dans certaines boutiques. Mais c’est sur la place Bellecour que les échauffourées ont été les plus violentes. Environ 1 000 jeunes s’opposaient de façon résolue aux forces de l’ordre. Parmi eux, à l’évidence, des casseurs venus dans l’unique objectif d’en découdre. Mais pas seulement. Il y avait également de nombreux lycéens lambda, y compris des jeunes filles. À chaque charge accompagnée de jets de pierre et d’insultes à l’encontre de Nicolas Sarkozy, répondait un tir de barrage de grenades lacrymogènes. Cette bataille a duré une bonne heure, avant que les jeunes ne s’en prennent à l’un des kiosques de la place. Quatre agents de la Bac (Brigade anti criminalité) ont alors effectué une percée à coups de matraques, avant de se saisir de l’un des casseurs, et de repartir sous une véritable pluie de pierres.
Alors que la manifestation approchait de Bellecour, les forces de l’ordre ont déployé plusieurs groupes pour reconquérir et sécuriser la place. Mais cela n’a pas suffi à faire baisser la tension. D’autant que la Bac a appréhendé et entraîné deux jeunes manifestants dans une porte cochère située à côté de l’ancienne librairie Flammarion, sous les yeux de plusieurs milliers de manifestants. Un attroupement s’est aussitôt formé pour demander leur libération. D’après certains responsables syndicaux, les policiers arboraient des brassards de la CGT au moment de l’interpellation. Sous la pression, et de nouveaux jets de pierres, le cordon de gardes mobiles qui bloquait l’entrée de l’allée a évacué les lieux, tout en protégeant les agents de la Bac qui ont conduit les deux jeunes manifestants vers un fourgon.
Sur une place noire de monde, cet incident a provoqué de nouveaux affrontements. Et il a fallu que les syndicats forment un cordon de sécurité entre les jeunes et les forces de l’ordre, au niveau de la rue Gasparin, pour qu’un calme précaire revienne.
La plupart des manifestants condamnaient fermement ces scènes de guérilla urbaine “qui ne servent que le gouvernement” ; d’autres, sans les excuser, comprenaient néanmoins que des jeunes, notamment ceux issus des quartiers populaires, puissent éclater de colère contre un gouvernement et un président qui les méprisent.