Une cérémonie commémorant la journée du 17 octobre 1961 s’est déroulée ce dimanche, place de la paix. Une centaine de Vénissians y ont assisté.
Quarante-neuf ans auparavant, des milliers d’Algériens se rejoignaient à Paris, sur les Grands Boulevards, pour une manifestation organisée par le FLN – Front de libération nationale – en faveur de l’indépendance de l’Algérie. La répression policière, dirigée par le préfet Maurice Papon, est sanglante : on estime qu’au moins deux cents Algériens sont morts sous les coups portés par les forces de l’ordre. Certains sont jetés dans la Seine. D’autres manifestants, arrêtés et internés, subissent des violences quatre jours durant.
Organisée par le collectif des associations algériennes de Vénissieux, soutenue par l’équipe municipale, cette commémoration a été marquée par l’émouvant témoignage de Mahmoud Hamdiken, 83 ans aujourd’hui. Le 17 octobre 1961, il faisait partie de ces manifestants. “Nous avions choisi de nous y rendre les mains vides, sans aucune arme, a-t-il raconté à l’assemblée. Je suis parti de Clichy vers le centre de Paris, en métro. En chemin, nous avons croisé des policiers. Ceux-ci nous ont prévenus que si nous nous rendions à la manifestation, nous pourrions ne pas rentrer en vie chez nous. Effectivement, les choses ont mal tourné. Il y a eu des morts, des blessés, des arrestations. Il faut maintenant dire toute la vérité sur ce qui s’est passé ce jour-là. Nous ne pouvons pas vivre dans le mensonge.”
“49 ans après les faits, la vérité est en marche, déclarait pour sa part Mokrane Kessi, au nom des associations algériennes de Vénissieux. Mais la France n’a pour autant toujours pas reconnu ses responsabilités dans ce drame. Nos voix doivent continuer à tonner pour dire que nous n’oublierons jamais. ”
Chargée de clore la cérémonie avant une minute de silence et le dépôt d’une gerbe de fleurs, Michèle Picard, maire de Vénissieux, a appelé la France à faire face à cette page peu glorieuse de son histoire : “Certaines dates font mal, très mal, elles blessent l’idée que l’on se fait de la France, terre de liberté, terre d’accueil, terre de l’émancipation des peuples et des droits de l’homme. (…) Ouvrir les chapitres de l’histoire qui font mal, ce n’est ouvrir la porte ni de la repentance ni de l’auto-flagellation. C’est ouvrir le chemin de la lucidité et renforcer la cohésion nationale à travers le partage commun des heures sombres et des heures glorieuses d’une nation. (…) Le 17 octobre 1961 n’est pas l’histoire d’une communauté, d’un parti, d’une congrégation, c’est l’histoire des peuples français et algérien, une histoire qu’on doit leur restituer dans un esprit de sérénité et de lucidité. Notre droit est de comprendre.”
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