Après la chute de morceaux de plafonds dans deux appartements, les 278 logements de la résidence de l’OPAC du Rhône ont été inspectés. Une soixantaine ont dû être étayés, certains lourdement. L’avenir de la résidence s’inscrit en pointillé, dans l’attente des conclusions de l’expert nommé par le TGI. Ce mardi 31 août, la CNL a donné rendez-vous à ses voisins à 18 heures square Aulagne. L’Opac réunira les locataires mercredi soir, 1er septembre.
L’été n’a pas été reposant, rue Louis-Aulagne. Dans cette résidence de 278 logements, propriété de l’OPAC du Rhône où vivent quelque 500 personnes, des morceaux de plafonds se sont effondrés dans deux appartements. La société Socotec mandatée pour donner un avis technique sur les causes de l’effondrement, livrait un verdict sans appel : “Les désordres constatés mettent en jeu la sécurité des personnes. Il est nécessaire de recenser immédiatement les appartements dans lesquels les plafonds présentent des défauts visibles à l’œil nu et d’intervenir très rapidement pour effectuer les travaux nécessaires. De même, il convient d’inspecter tous les appartements afin de détecter les défauts affectant les cloisons légères, et d’étayer les plafonds dans les zones concernées.”
Concrètement, il a été déterminé que les plafonds de 56 logements (surtout dans les bâtiments impairs) devaient être consolidés en priorité. Ainsi chez Francis, qui habite ici avec sa famille depuis 21 ans. “Seize barres métalliques ont été installées chez moi, explique-t-il. Mais je refuse de partir d’ici. IIs peuvent faire tous les travaux qu’ils veulent, moi je reste. Je paie 503 euros pour un T5. Je ne trouverai jamais ces conditions ailleurs !” D’autres locataires, en revanche, ont quitté les lieux, provisoirement. Certains sont hébergés par des proches. D’autres (dix-huit personnes en cette fin août) sont à l’hôtel, aux frais de l’Opac du Rhône.
Mais comment les spécialistes expliquent-ils ces effondrements ? D’abord, les bâtiments souffrent de leur âge : certains ont été construits dans les années 1930 et d’autres en 1950. D’autres causes sont aussi avancées : ébranlement des éléments de terre cuite lors des bombardements de 1945, alourdissement de la partie inférieure due à la présence de la laitance du béton du plancher, modification des conditions hygrothermiques des logements, ou encore conséquences des mini-séismes des années quatre-vingt-dix puis 2003 et 2006.
Il n’empêche que les effondrements ne sont pas… tombés du ciel, d’un seul coup, au cours de l’été 2010. “Ça fait des années que l’amicale des locataires CNL signale de tels problèmes à l’OPAC, s’insurge Robert Gibert, le président du comité CNL. Sans que ça fasse réagir.” “Qu’on applique le principe de précaution, c’est bien”, ajoute Christian Falconnet, conseiller municipal et général. Arrivé gamin dans cette résidence avec ses parents en 1959, il y est devenu locataire en 1972. “Mais je dis non au principe de précipitation ! Je ne comprends pas ce branle-bas de combat, en plein été, alors que des mesures auraient pu être prises depuis longtemps. Il y a eu deux réhabilitations de la résidence dans les années passées mais à quoi ont-elles servi, sinon à augmenter les loyers de 5 à 6% par an ?”
Saisi en référé, le tribunal de Grande instance de Lyon a désigné un expert qui a pour mission d’examiner chaque appartement de la résidence Aulagne, d’évaluer la dangerosité pour ses occupants et de chiffrer le coût d’une réhabilitation. Ses conclusions sont attendues à la mi-septembre. “Pour l’instant, une soixantaine de logements font l’objet de mesures conservatoires, pour garantir leur viabilité, explique Damien Falque, directeur du territoire Est de l’Opac du Rhône. Nous renforçons les plafonds et les murs porteurs de tous les locaux qui nous semblent dangereux. Selon les conclusions de l’expert, nous prendrons ensuite une décision concernant l’avenir de la résidence. S’il faut tout reconstruire, nous le ferons, mais nous espérons ne pas en arriver à une telle extrémité. Nous voulons rassurer nos locataires : la priorité de l’Opac du Rhône n’est pas de détruire ces immeubles, mais bien de les remettre en état.”
“L’OPAC doit mettre des moyens dans la réhabilitation des plafonds, insiste Christian Falconnet. Et comme pour Grandes Terres de Vignes, l’Etat doit aussi mettre la main à la poche. Après tout, le président de l’Opac, c’est Michel Mercier, ministre de l’aménagement du territoire.”
Du côté de la Ville, les réunions avec le bailleur et les locataires se sont multipliées ; une nouvelle rencontre est programmée ce mercredi soir, 1er septembre. “J’assure tous les locataires et les habitants du quartier du soutien de la majorité municipale, leur a déclaré le maire, Michèle Picard. La municipalité est et restera présente à vos côtés tant qu’une solution juste socialement pour chaque locataire concerné ne sera pas trouvée. Nous mettons tout en œuvre pour collaborer avec l’Opac du Rhône et les différents partenaires, et faire en sorte que les locataires en souffrent le moins possible.”
Un numéro vert
La Ville de Vénissieux, en collaboration avec l’OPAC du Rhône, a mis en place un service de soutien et d’aide aux habitants de la résidence Aulagne. Un numéro vert (appel gratuit depuis un poste fixe) est dédié à leurs appels : le 0 800 05 06 07. La ligne est ouverte du lundi au vendredi de 9 heures à midi et de 14 heures à 17 heures.