“Pose ta valise”, le spectacle du Théâtre du Grabuge, a été l’un des moments forts de ces Fêtes escales. Géraldine Bénichou, la metteuse en scène, a travaillé depuis mars avec ce groupe. Elle avait déjà mené des projets similaires à Vaulx-en-Velin et à Lyon. Si le Théâtre du Grabuge n’invite que des femmes à monter sur scène, c’est “parce qu’elles n’ont pas choisi l’exil, elles ont vu partir ou ont suivi leurs hommes, père, mari ou frère”. Pour Géraldine Bénichou, “il s’agit de donner à entendre un rapport particulier à l’émigration”. Une émigration qui peut être de l’intérieur aussi. Plusieurs Françaises de souche ont participé à l’aventure. “Tout le monde peut saisir le sentiment de l’exil. Quand on déménage, enfant, c’est aussi une douleur.”
Pour accompagner Salah Gaoua, les choristes ont dû apprendre à chanter en kabyle. Une langue qu’aucune ou presque ne parlait. À travers cet apprentissage accéléré, Denise dit avoir “ressenti la difficulté de l’immigré face à un langage qu’il doit impérativement maîtriser s’il veut réussir son installation”. Certaines retiennent avant tout de cette aventure humaine les moments d’échanges, de rires, de confidences, d’amitié. Et toutes se souviendront des vibrations de la scène, de la chaleur des projecteurs, de la clameur du public, du privilège d’être une artiste. Zohra, 63 ans, venue en France pour se marier, en rêvait depuis toute petite. “J’en ai toujours eu envie, il a fallu que j’attende d’être à la retraite pour le faire, mais au moins je l’ai fait.”