“Une scène comme celle-là montre bien que certains propriétaires de chiens de 1re et 2e catégories n’ont pas conscience du danger que peuvent représenter leur animal et des responsabilités que sa possession entraîne, estime Serge Martin, chef de service de la police municipale de Vénissieux. Malgré une forte communication sur le sujet, tous les propriétaires ne sont pas en règle. Nous n’avons par exemple pour la ville que 150 dossiers en cours de traitement, alors que les chiens sont plus nombreux.”
Avec la loi de juin 2008 appliquée depuis janvier 2010, les règles ont changé : la possession d’un chien d’attaque, de garde ou de défense est strictement encadrée. Il faut obtenir un permis de détention pour chiens dangereux. Chaque maître doit se rendre à la mairie de son domicile et fournir plusieurs documents : une évaluation comportementale du chien, réalisée par un vétérinaire qui doit “apprécier le danger potentiel envers les humains que peut représenter l’animal” ; une attestation d’aptitude délivrée par un formateur reconnu par la préfecture ; et une assurance en responsabilité civile couvrant tous les dommages qui pourraient être occasionnés par les animaux. C’est ensuite le maire qui délivre, ou non, le permis de détention, qui doit être présenté à chaque contrôle des autorités. L’animal doit être tenu en laisse et muselé pour tout déplacement dans les lieux publics.
“Maintenant, nous verbalisons”
“L’objectif est désormais très clair, assure Serge Martin, il s’agit d’arriver à l’éradication des chiens de 1re catégorie. D’autant qu’ils doivent obligatoirement être stérilisés. Il faut faire passer l’envie aux gens d’acquérir ces chiens. Si certains y tiennent malgré tout et qu’ils satisfont à toutes les exigences, pas de souci. La police municipale de Vénissieux a laissé du temps aux propriétaires pour qu’ils prennent leurs dispositions, avec beaucoup de rappels à la loi. Maintenant, nous verbalisons.”
Et les sanctions devraient les persuader de se mettre en conformité : en cas de défaut de permis, le contrevenant s’expose à 3 mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amendes. L’atteinte involontaire à l’intégrité des personnes ayant entraîné une incapacité temporaire de travail et l’homicide involontaire provoqués par un chien sont punis de peines pouvant atteindre 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.
“Il y a, en France et chaque année, 500 000 morsures de chiens, toutes races confondues, assure Frédéric Malandrini, formateur de propriétaires de chiens de 1re et 2e catégories. La formation des propriétaires doit leur permettre de prendre la mesure des dangers que peut représenter un tel animal, connaître les gestes à faire et à ne pas faire en leur présence.” Ancien sous-officier cynotechnicien dans l’armée, Frédéric Malandrini a choisi de créer à Vénissieux son entreprise de formation des maîtres il y a quelques mois. À raison d’une séance de 7 heures consécutives, contenant projection de diaporama et débat, il dispense aux propriétaires les éléments essentiels et nécessaires à la maîtrise d’un chien qui pourrait être dangereux. “Le programme est volontairement vaste, pour réfléchir sur ce sujet dans sa globalité. Après une vérification des acquis, je peux délivrer l’attestation d’aptitude nécessaire à la possession d’un chien.” Un document indispensable pour l’obtention du permis de détention.
“Le chien en lui-même n’est pas dangereux, estime Frédéric Malandrini. Le vrai danger, c’est une mauvaise information du maître, qui débouche sur une mauvaise éducation, laquelle peut mettre en danger autrui. »